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Journée Internationale pour l’abolition de l’esclavage, les abolitionnistes mauritaniens insatisfaits des réalisations de l’Etat

La journée internationale du 2 décembre 2022 pour l’abolition de l’esclavage a été célébrée en Mauritanie par les deux plus grandes organisations abolitionnistes du pays, l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) et SOS-Esclaves. Toutes les deux ont mis en exergue les timides actions menées par l’Etat pour mettre fin à la servitude par naissance, mais ont fustigé les nombreux obstacles institutionnels et judiciaires qui empêchent encore d’atteindre l’objectif Zéro esclavage en Mauritanie.

Discours de Birame Dah Abeid – Crédit Aidara

« L’esclavage n’est pas seulement un vestige du passé, mais une réalité tristement actuelle », comme l’écrit le magazine 9 lives. En effet, d’après l’Organisation Internationale du Travail (OIT), il y aurait actuellement plus de 40 millions de victimes du travail forcé dans le monde.

Si les statistiques au niveau international sont exhaustivs par rapport à l’esclavage moderne — mot générique qui englobe le travail forcé, la servitude pour dettes, le mariage forcé et la traite des êtres humains —, il n’existe aucune statistique quant à l’esclavage par ascendance, forme la plus répandue en Mauritanie. Cette absence de données sur cette pratique, souvent cachée et diffuse, rend la lutte ponctuelle et au cas par cas au gré des découvertes.

SOS Esclave critique et salue sa collaboration avec l’Etat

Se prononçant à l’occasion de la célébration de la journée, SOS Esclaves dans une déclaration publiée à cet effet souligne que « malgré des avancées législatives dès 2005, année de la levée de son interdiction, l’organisation non-gouvernementale continue à déplorer, entres autres obstacles, le faible niveau d’application des lois, le déficit de prise en charge psychologique des victimes et l’absence d’un fonds d’indemnisation, à la gestion duquel devraient participer les contributeurs étrangers ». Et de suggérer l’alimentation d’un tel dispositif par les recettes tirées des mines, des hydrocarbures et des deux ports internationaux du pays.

L’organisation déclare poursuivre ses efforts pour « obtenir davantage d’inclusion en matière d’éducation de qualité et de santé rurale, d’enrôlement à l’état-civil et de facilité d’accès aux services universels de base », notamment chez les populations issues de couches serviles.

Selon SOS Esclaves, « les disparités de revenu héritées du passées et la prédominance du travail indécent se reproduisent toujours, au détriment de la même catégorie de la population, un peu comme une malédiction, sans cesse léguée et renouvelée ».

Prônant son attachement au devoir d’ingérence et à l’universalisme, SOS Esclaves indique qu’ils constituent « les meilleurs alliés des justes, quand la relativité culturelle et l’aveuglement du pouvoir se dressent en travers du noble désir de justice ». L’association s’est toutefois réjouie de la collaboration qu’elle entretient avec les instances de l’Etat chargées des droits de l’homme, tout en déplorant l’inertie du Mécanisme national de prévention de la torture (MNP).

L’acerbe diatribe d’IRA

Suite à la célébration, en grande pompe, de la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, le leader du mouvement IRA, le député Birame Dah Abeid, a dressé un véritable réquisitoire contre l’Etat mauritanien dans la succession de ses pouvoirs.

Il estime que malgré l’abolition tardive de l’esclavage en 1891 et sa criminalisation en 2007 puis en 2015, les militants abolitionnistes continuent d’être persécutés, en dépit de progrès remarquables dans le domaine de la loi. Selon lui « la réalité reste empreinte de déni et d’indifférence des pouvoirs publics, au sort des victimes, d’où l’obligation pour elles de savoir se défendre, par leurs moyens modestes, sans le secours d’un Etat voué, in fine, à reproduire les inégalités de naissance, au travers d’un appareil de sécurité et de justice, très peu réceptif à la valeur d’égalité ».

Pour Birame, « la Mauritanie de 2022, sous l’égide du Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, refuse toujours de satisfaire aux recommandations des rapporteurs spéciaux des Nations-Unies sur les formes contemporaines d’esclavage, notamment le recensement des victimes immédiates ou périphériques ». Il en veut surtout à l’élite réactionnaire au pouvoir depuis 1978, qui poursuit selon lui, « sa guerre larvée contre les militants de l’équité, comme en attestent la fréquence des arrestations, la torture et l’exclusion statutaire, à tous les échelons de l’économie et de l’administration publique ». Il met ainsi dos à dos les pratiques esclavagistes et l’extrémisme religieux dans leur mode de justification de leurs actions au motif religieux.

« Les deux impostures participent du même mépris envers les autochtones d’ascendance subsaharienne, à cette nuance près que la mentalité et la pratique de l’exclusion de caste n’épargne aucune composante du peuplement actuel de la Mauritanie » argumente-t-il, citant l’existence de ces pratiques dans toutes les communautés, Pulaar, Wolof, Soninkés et Maures.

Ces communautés serviles se heurtent, selon lui, au tamis discriminatoire de l’état-civil, au défaut d’accès à la propriété des terres de culture, au poids de la misère et de la déscolarisation massive. Et de préciser que « les Hratin, descendants d’esclaves, en sont réduits, sur le sol de leurs ancêtres, à servir de force d’appoint au système séculaire qui les subjugue ».  Il décrit une population sans alternative, soumise à des normes séculaires, qui s’impatiente enfin et qui risque de finir par se révolter, rompant le lien moral qui les entrave. « Ce moment-là, le temps de la rupture morale, nous le souhaitons, l’attendons et nous y préparons, armés de nos idées et de notre ancrage viscéral dans la non-violence. Ni les intimidations ni l’exclusion matérielle, encore moins l’interdiction des partis de la renaissance africaine – à l’image de Radical pour une action globale (RAG) – ne parviendront à différer le jour de la grande explication » assène-t-il.

En conclusion, Birame Dah indique que son mouvement reste attaché « au dialogue, mais tout en étant persuadé que la conquête des droits humains relève, d’abord, de la lutte et de sa constance ».

La justice, source de pérennisation des violations des droits de l’homme ?

Les magistrats mauritaniens ont toujours été pris à partie dans beaucoup de dossiers où des plaignants ont trouvé que le droit n’a pas été dit, notamment des dossiers liés aux droits de l’homme et en particulier à l’esclavage. C’est le cas, entre autres dossiers, de l’affaire Ghaya Maïga, une jeune fille soumise à l’esclavage, selon la thèse soutenue par le mouvement IRA, et dont le dossier a été classé par un magistrat. Lors d’une conférence convoquée à l’issue de cette affaire, le président d’IRA, Birame Dah Abeid, avait requis auprès du ministère de la Justice à l’époque, la sanction contre le magistrat en question.

« J’appelle les mauritaniens à être vigilants face au groupe de magistrat qui perpétue l’esclavage, l’injustice, la captation d’héritage des femmes. L’état ne veut pas nous soutenir pour mener la guerre contre les magistrats injustes, l’état doit enclencher les lois qui sanctionnent les juges qui refusent de les appliquer » avait-il déclaré, suscitant ainsi l’ire du club des magistrats.

Aujourd’hui, c’est une voix autorisée au sein de l’Exécutif, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), organe consultatif de l’Etat, qui est mise sur la sellette par les magistrats. Motif, le Rapport annuel 2021-2022, remis par son président, Ahmed Salem Ould Bouhoubeïny au Président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani. Un rapport jugé de critique à l’égard de la justice, puisqu’il soulève des dysfonctionnements préjudiciables aux droits de l’homme, dus au défaut de formation des magistrats. Cet état de fait est d’autant plus nuisible pour l’appareil judiciaire, selon le rapport « qu’on note aujourd’hui la présence aux commandes de tribunaux en divers domaines commerciaux, pénaux et civils, de magistrats sans aucune qualification ou formation de base » selon notre confrère « La Dépêche »

Cet état de fait justifie le lancement en février 2022 du Programme d’Appui à la Réforme de la Justice (PARJ) financé par l’Union européenne sous le 11ème FED.

Cheikh Aïdara


Augmenter la prévalence contraceptive en Mauritanie, l’inextricable résistance des femmes mendiantes

La COVID a entraîné une hausse du taux d’extrême pauvreté en Mauritanie, qui devrait atteindre 6,3 % en 2022 d’après les estimations. En fait, les enfants sont les plus grandes victimes de cette pauvreté. Et les mendiants en profitent. Trainer plus d’enfants pour apitoyer les passants : une stratégie adoptée par les femmes mendiantes à Nouakchott. Chaque jour, elles prennent d’assaut les rues et avenues de la capitale mauritanienne, trainant mains tendues et enfants. Ce qui compromet l’engagement du pays à atteindre 25% d’utilisatrices de méthodes de contraception d’ici 2030. Pour le moment, la Mauritanie est loin de cet objectif, car la prévalence contraceptive est de 14% (EDSM-2020) contre 17% en 2015 (MICS 2015).

Enfants dans des pousse-pousses comme armes de mendicité des adultes – Crédit Aidara

Des enfants comme armes de mendicité

Femmes traînant des poussettes et bébés exposés au soleil. Des bébés qui disparaissent sous des ballots. Des hommes, surtout Syriens, portant des enfants sur les bras ou sur l’épaule, la main tendue entre deux files de voitures. D’autres qui traînent les pieds à côté des feux de signalisation, fillettes et garçonnets entre les jambes.

Quel tournis, ce nombre d’enfants trimballés par des adultes qui font la manche devant les bureaux, les commerces, les stations de carburant, les gares routières, les hôpitaux, les marchés… !

Aïssata et ses enfants – Crédit Aidara

Faire des enfants pour augmenter les recettes

Aissata Sall, 37 ans, mariée, est originaire de la Vallée, aux bordures du Fleuve Sénégal. « J’ai des jumeaux, leur nourriture et le loyer d’une baraque au PK 12 me pèsent ! Je suis obligée de solliciter l’aide de mes frères et sœurs ». Elle évite de dire « mendier » par gêne. Elle tient à la main deux petits garçons et porte un bébé au dos. Chaque jour, elle traîne ces petits, dès l’aube, changeant quatre fois de transport, pour venir à « sa » station, face à l’ambassade américaine, à Tevragh-Zeina, quartier des nantis. Plusieurs mendiants ont choisi cet endroit comme lieu de « travail ». Après son veuvage, Aïssata s’est remariée, avec un mendiant. Les « recettes » récoltées par le couple permettent de subvenir aux besoins.

« Planifier mes naissances ? C’est hors de question », s’exclame-t-elle, cassée en deux. Pourtant, ce n’est ni l’absence de structures de santé, ni la gratuité du service, qui l’en empêche. « Au contraire, je veux encore plus d’enfants. J’en ai quatre, les plus grands sont restés au village. Il m’en faut encore plus », s’esclaffe-t-elle.

La pronatalité aux portes de la mosquée saoudienne

Devant la mosquée Saoudienne, plusieurs mendiants ont élu domicile. Des femmes, entourées de marmailles, préparent le repas près de la chaussée. De petites filles et de petits garçons se faufilent entre les voitures, traversent la route en courant, d’autres à peine 5 ou 6 ans, s’agrippent aux passants. Le nombre d’enfants est impressionnant.

Des professionnels de la mendicité ont leur lieu de « travail » ici – Crédit Aidara

Selon certaines mauvaises langues, ces enfants naissent et grandissent là, aux bordures de la route, entre ces enchevêtrements de corps masculins et féminins qui dorment à même les trottoirs. Interrogées sous le sceau de l’anonymat, certaines mendiantes disent pratiquer la planification familiale auprès d’associations comme les Gestionnaires pour le Développement (AGD).

La planification familiale, accessible et gratuite, mais beaucoup de mendiantes n’en veulent pas

Hawsa Ndiaye, sage-femme, qui assure le service SR/PF à AGD est catégorique. « Je sais qu’on offre beaucoup de services PF à des femmes démunies. Je ne sais pas maintenant si elles sont mendiantes ou pas ».

Hamada, président d’une ONG active dans l’humanitaire lance, « les enfants, c’est le trophée de guerre des femmes mendiantes. Ça leur permet d’apitoyer les passants et de récolter plus d’argent. Faire de la planification familiale est leur dernier souci ».

Zéro mendiant en 2024, une gageure ?

Aucun recensement exhaustif des mendiants depuis 2000-2012, date de création du Projet de lutte contre la mendicité qui n’a pas fait long feu. Six centres d’accueil et de formation ont été créés à l’époque. Quelques 150 à 200 mendiants en bénéficiaient, 300 avaient un salaire (22.000 MRO par mois – près de 40.000 francs Cfa) du Commissariat aux droits de l’homme. Ils seraient plus d’un millier aujourd’hui, selon des estimations. Les enfants, ils en font de plus en plus. Le 28 mai 2022, le président de la République Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani a promis « Zéro mendiant en 2024 »

Cheikh Aïdara


13ème édition des Rencontres Littéraires de Traversées Mauritanides, sous le double sceau de l’écriture et du territoire

L’Association « Traversées Mauritanides » organise du 1er au 18 décembre 2022, à Nouakchott et à Sélibaby, sa 13ème édition des « Rencontres Littéraires », avec en toile de fond, la dualité écriture- territoire. Le territoire est la somme de nos mémoires collectives que l’écriture vient nourrir par nos identités singulières et plurielles. Pour paraphraser l’édito de Bios Diallo, président de l’association. C’est autour de cette dualité que vont se tisser les conférences et tables rondes qu’une dizaine d’écrivains venus d’Afrique et de la France, mais aussi de la Mauritanie, vont animer.

Maison De Quartier, siège de Traversées Mauritanides, Cité Plage, Nouakchott – Crédit Aidara

Plus la date fatidique du 1er décembre 2022 s’approche, plus la « Maison de Quartier », sise à la Cité Plage de Nouakchott et siège de l’Association « Traversées Mauritanides » bourdonne comme une ruche. Les équipes s’abîment dans les derniers réglages. Les commissions d’organisation et d’orientation, médias, réseaux sociaux et photos, logistiques et mobilisation s’imprègnent de leur mission.

L’affiche de l’édition

En effet, la 13ème édition du Festival Littéraire « Traversées Mauritanides » pose déjà les jalons de la 15èmeédition, en 2024. Un évènement phare qui va marquer un tournant décisif dans la vie des « Rencontres littéraires » dont l’aura dépasse déjà les frontières de la Mauritanie.

Du 1er au 6 décembre, puis du 16 au 18 décembre 2022, Nouakchott et Sélibaby vont se vêtir de « belles lettres » et nourrir des esprits encore juvéniles, tout en réveillant des souvenirs chez la vieiIlle génération et remuer la nostalgie d’un passé studieux. Une parenthèse dans un quotidien désormais soumis au diktat du smartphone et du virtuel. Le livre va ainsi s’inviter, voire même chercher à s’imposer, l’espace d’un festival littéraire, dans un monde qui semble hélas vouloir l’oublier.

Comme il est de tradition, « Traversées Mauritanides » va offrir au public mauritanien, d’autres sommités de la plume et d’autres façons d’appréhender le monde, entre écritures et territoires.

Le Cameroun en vedette

Amal
Eugène

Nicole

Trois grosses pointures de la littérature camerounaise seront à Nouakchott pour nourrir le festival de leur envergure. Il s’agit de Amal Djaili, Peulh de mère égyptienne, Prix Goncourt des lycéens 2020 pour son roman « Les Impatientes ». Auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier « Cœur du Sahel » traduit dans plusieurs langues et ambassadrice de l’UNICEF. C’est aussi Eugène Ebodé, Chaire de littérature et arts africains à l’Académie du Royaume du Maroc, directeur du collectif « Rabat Capitale culturelle de l’Afrique et du Monde islamique 2022 », auteur de plusieurs ouvrages dont les deux derniers, « Habiller le Ciel » sortie cette année et « Brûlant était le regard de Picasso » en 2021. Il est grand Prix Littéraire d’Afrique Noire, membre du Prix Orange du Livre en Afrique et président du Prix Williams Sassine. Last but not the least, la jeune Nicole Mikolo, journaliste titulaire d’un MBA of business administration, née en Allemagne, études en France et au Japon, établie à Pointe-Noire au Congo. Elle travaille pour le magazine féminin Amina. Elle est auteur de deux ouvrages, « Les calebasses brisées » sorti en 2016 et son tout dernier recueil de poésie « L’Etoile est ma demeure ».

De la France

Fanta
Hella

Une Franco-mauritanienne et une Franco-tunisienne, Fanta Dramé et Hella Feki, vont bien devoir conjuguer leur terroir à l’aune de leur double origine. Fanta Dramé, professeur de français à Pantin à Seine-Saint Denis, est désormais célèbre grâce à son premier ouvrage bien inspiré et qui colle avec le thème de cette 13ème édition de « Traversées Mauritanides ». En effet, « Ajar-Paris » édition Le Plon-2022, des tréfonds du Guidimagha à la Ville Lumière, l’a mis devant les projecteurs de l’actualité littéraire en France comme en Mauritanie. Hella Feki, professeur de lettres et formatrice pédagogique d’enseignants du secondaire a navigué entre Madagascar, Seychelles, Comores et Maurice, avec un œil rivé sur sa Tunisie natale. La révolution tunisienne et l’immolation du jeune Bouzizi inspire son ouvrage « Noces de Jasmin » paru en 2020 aux éditions Lattès.

Maroc et Sénégal

Anna
Beida
Alassane

Un Marocain et deux Sénégalais ferment la marche des auteurs étrangers qui vont égailler la réflexion autour de cette 15ème édition de « Traversées Mauritanides ». Il s’agit de Abdallah Beida du Maroc, professeur de littérature à l’Université Mohamed V de Rabat et critique littéraire. Auteur de plusieurs essais, nouvelles et fictions. Ses derniers écrits, « Les Djellabas vertes se suicident » paru en 2020 et « L’irrésistible appel de Mozart » en 2022. Professeur de musique, membre de la Convention nationale des écrivains et éditeurs du Sénégal, Anna Ly a publié plusieurs ouvrages dont les plus récents sont « L’oreille du sud » Harmattan-2016 et « L’enharmonie des destins » paru aux éditions Seguima en 2021. Enfin, Alassane Guissé du Sénégal, président du Comité scientifique de la Semaine de l’Amitié et de la Fraternité (SAFRA), un festival culturel qui réunit les villes de Sélibaby (Mauritanie), Kayes (Mali), Boké (Guinée Conakry), Gabou (Guinée Bissau) et Bassé (Gambie). Son dernier livre « SAFRA, une organisation au service de la paix, de l’intégration et du développement ».

Mauritanie

Kalidou
Idoumou
Beyrouk

La littérature mauritanienne, francophone et arabophone, sera bien présente dans cette édition, avec des écrivains de renom. MBareck Ould Beyrouk, journaliste et écrivain francophile, Prix Ahmadou Kourouma pour son livre « Le Tambour des Larmes » paru en 2016, suivi en 2018 par « Je suis seul » et son dernier ouvrage sorti en 2022 « Saraa ». Cheikh Nouh, journaliste, écrivain-poète, auteur de « Edebay » et de « El Ghassem Ould Housein », recueil de poésie arabe. Dans la même verve, Ouleid Nass Henoune, directeur de la Culture au Ministère de la Culture, auteur de plusieurs recueils de poésie, dont son recueil « Brisures nocturnes ». Il s’agit également de Idoumou Ould Mohamed Lemine, professeur à l’Ecole Normale Supérieure et à l’Université de Nouakchott, Conseiller chargé de la communication au Ministère de l’Enseignement Supérieur, auteur de plusieurs ouvrages, dont « Igdi, les voies du temps » paru en 2015, « Le fou d’Izziwane » 2016, co-auteur du « Guide de la littérature mauritanienne » et de « L’Anthologie de la littérature mauritanienne francophone ».

Ouleid Nass
Tarba
Cheikh Nouh

Dr. Bâ Mamadou Kalidou,professeur de littérature africaine à l’Université de Nouakchott, essayiste et écrivain, auteur de « Le roman africain francophone post-colonial, radioscopie de la dictature à travers une narration hybride » en 2009. Son dernier roman « Les remparts de l’espérance » paru en 2020 aux éditions Lettres de Renaissance. Dr. Tarba Amar, académicienne, professeur à l’Université, connue pour ses positions anticonformistes qui la met souvent en confrontation avec les gardiens du temple religieux. Elle est auteur de plusieurs études et recherches, auteur de nouvelles, comme « L’amour impossible », « Les deux visages dans la vie d’un homme ». Elle est cadre au Ministère de la Culture.

Des regrets cependant pour l’absence de l’écrivain franco-congolais, Alain Mabanckou, dont la participation à cette édition a été compromise aux derniers moments. Ce qui n’enlèvera en rien la beauté de la fête qui attend les amoureux des belles lettres.

Cheikh Aïdara

L’Agenda de la 15ème Rencontre Littéraire de « Traversées Mauritanides »

 Auteurs en milieu scolaire

Vendredi 02 décembre 2022

11h : Fanta Dramé et Hella Feki au Lycée français Théodore Monod

Samedi 03 décembre 2022

11h : Université de Nouakchott

Lundi 05 décembre 2022

10h : Amal Djaïli au Lycée français Théodore Monod

Mardi 06 décembre 2022

11h : Amal Djaïli à l’Université de Nouakchott 

RENCONTRES CONFRENCES

Jeudi 1er décembre 2022 au Musée National

 09h30 Table ronde en arabe       طاولتان مستديرتان

– الطاولة الأولى تحت عنوان: القطرية في الأدب بين الخيال والتاريخ، ما الخيارات المناسبة؟.

الضيوف: الشاعر الروائي الشيخ نوح والروائي محمد السالك ولد إبراهيم و د.تربه منت عمار والأستاذ أوليد الناس ولد هنون.

يدير الجلسة: د.معاذ الشيخ سيدي عبد الله.

11h30 Ouverture Officielle

Jeudi 1er décembre 2022

16h30 : Centre Culturel Marocain

Territoires, entre fiction et mémoire (archives) : quels choix littéraires ?

Avec Eugène Ebodé, Beyrouk, Abdalla Baïda, Hella Feki, Fanta Dramé

Modérateur : Mamadou Dahmed –Professeur-Université de Nouakchott

Vendredi 02 décembre 2022

16h30 : Institut Français de Mauritanie-Médiathèque

Libres paroles avec Fanta Dramé, Hella Feki, Nicole Mikolo

Passeur de paroles : Achraf Ouédrago – Professeur-ENES

18h : Table ronde Institut Français de Mauritanie-Grande salle

Retour des conflits et guerres. Quelles paroles pour la paix ?

Avec Gwilym Jones (Ambassadeur de l’Union Européenne en Mauritanie), Abdellah Baïda, Eugène Ebodé, Chebih Melaïnine

Modérateur : Mamadou Kalidou Bâ-Ecrivain et Professeur- Université de Nouakchott

Samedi 03 décembre 2022

10h : Centre culturel marocain

Table ronde en arabe


-الطاولة المستديرة الثانية تحت عنوان: إفريقيا والمغرب العربي بين العالمية والمحلية، ما المحتويات المناسبة للدرس الأدبي؟.

الضيوف: الأستاذ عبد الله ابحيده ود. البكاي عبد الملك ود. محمد بوعليبة ود. محمد الأمين مولاي إبراهيم.

يدير الجلسة: الشاعر والروائي الشيخ نوح.

Samedi 03 décembre 2022

15h30 : Centre culturel marocain

Final Génie en Herbe. Huit écoles en compétitions

16h00 Table ronde à l’Institut Français de Mauritanie

Doit-on encore parler de voix féminines en littérature ?

Avec Amal Djaïli, Fanta Dramé, Nicole Mikolo, Hella Feki

Modérateur : Eugène Ebodé- Ecrivain auteur d’une biographie romancée sur Rosa Parks

18h00 à l’Institut Français de Mauritanie-Grande salle

Libres paroles

Modérateur : Diop Mamadou-Professeur- Université de Nouakchott

Dimanche 04 décembre 2022

10h30 au Musée National

Afrique-Maghreb : quelles littératures, pour quels enseignements ?

Avec Idoumou Mohamed Lemine, Abdellah Baïda, Eugène Ebodé

Modérateur : Ndiaye Kane Sarr-Professeur- Université de Nouakchott

16h30 au Musée National

 Que reste-t-il encore des combats des femmes ?

Avec Amal Djaïli Amadou, Me Fatimata Mbaye (Avocate), Hella Féki, Isabel Henin (Ambassadrice d’Allemagne en Mauritanie)

Modérateur : Kissima Diagana-Journaliste

Mardi 06 décembre 2022

17h à l’Institut Français de Mauritanie-Grande salle

Libres paroles avec Amal Djaïli

Modératrice : Nicole Mikolo-Journaliste-Cameroun

Vendredi 16 décembre 2022 : SELIBABY

09h : Visites auteurs dans les écoles de Sélibaby

16h30 : Conférence à la Maison des Jeunes de Sélibaby


Journée internationale contre la violence à l’égard des femmes, la Mauritanie toujours fidèle à ses engagements

La Mauritanie a célébré le 25 novembre 2022 la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Une cérémonie officielle a eu lieu à Nouakchott, présidée par la Ministre de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Famille (MASEF), en présence du Représentant résident du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et des autorités.

La Mauritanie en Orange – Crédit Aidara

Dans une salle totalement orange, avec plusieurs filles et femmes arborant cette couleur qui symbolise tout à la fois la douleur et la détermination, la Ministre de l’Action Sociale (MASEF), Savia Mint N’Tahah, a dit tout l’engagement de l’Etat mauritanien à mettre fin aux violences à l’égard des femmes et des filles. La Journée internationale dédiée à cette cause, célébrée vendredi 25 novembre 2022 sous le slogan « Tous Unis ! Pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles », fut l’occasion de réitérer la ferme volonté des pouvoirs publics à respecter leurs engagements internationaux et à mettre en œuvre les stratégies nationales et les textes relatifs à la lutte contre toute forme de violence sur les filles et les femmes.

Des efforts nationaux pour lutter contre les violences basées sur le genre

La Ministre MASEF entre le Gouverneur et le Commissaire aux Droits de l’Homme – Crédit Aidara

« La violence à l’égard des femmes et des filles demeure un véritable problème qui s’amplifie de jour en jour », a constaté Mme Savia Mint N’Tahah. Selon elle, cette violence peut prendre plusieurs formes et n’a aucun lien avec une culture, une zone géographique ou un pays donné, ni à un groupe de femmes déterminé. « Face à la gravité du phénomène, notre pays a pris plusieurs mesures d’ordre juridique et institutionnel pour mettre un terme à la violence à l’égard des femmes et des filles », a-t-elle affirmé.

Parmi ces mesures, elle a cité l’harmonisation de la législation nationale avec certaines dispositions des accords internationaux, comme la Convention pour l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), la convention relative aux droits des enfants (CDE) et la convention internationale pour les droits des personnes vivant avec un handicap.

La Mauritanie en Orange – Crédit Aidara

Elle a cité également le Code du Statut Personnel, en instance de révision, fixant l’âge du premier mariage des filles à 18 ans comme base générale de protection des droits de la famille, sans compter l’adoption de plusieurs textes de protection des femmes et des filles, l’organisation de campagnes de sensibilisation, l’intégration du genre dans les programmes et projets de développement, la consolidation du cadre de coordination et de concertation, la création de plateformes multisectorielles régionales de lutte contre les violences basées sur le genre, etc.

Mme Savia Mint N’Tehah a aussi évoqué les efforts déployés par la Mauritanie pour atteindre les trois résultats transformateurs des Objectifs de Développement Durable (ODD) de 2030, à savoir, Zéro décès maternel évitable, Zéro besoin non satisfait en planification familiale et Zéro violence basée sur le genre.

L’UNFPA, un partenaire toujours présent

M. Cheikh Fall à sa prise de parole – Crédit Aidara

Le Représentant Résident du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) en Mauritanie, M. Cheikh Fall, avait auparavant pris la parole pour remercier les autorités mauritaniennes et les féliciter pour les efforts déployés en vue de promouvoir et de protéger les droits des femmes et des filles, à travers notamment les mesures prises pour mettre fin aux violences dont elles sont victimes. Il a souhaité à tous une bonne campagne des « 16 jours », commémorant la Journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles.

Depuis 1991, dira-t-il en substance, le monde célèbre cette journée du 25 novembre, qui se poursuivra jusqu’au 10 décembre 2022, par des campagnes de sensibilisation et des réflexions sur les mesures à prendre pour prévenir et lutter contre les violences basées sur le genre.

Les officiels à l’entame de la Journée – Crédit Aidara

Il a déclaré que tous les acteurs doivent s’unir d’ici 2030, par des initiatives qui vont s’étaler sur plusieurs années, citant à ce propos les pouvoirs publics, les organisations de la société civile, le secteur privé, les médias, le système des Nations Unies et les partenaires techniques et financiers en particulier. Selon lui, durant cette 32ème édition de la Journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles, il faut « Oranger le monde ».

Il a mis en exergue la vigilance requise à l’égard de la pandémie Covid-19 qui continue de sévir et ses conséquences dramatiques sur les conditions de vie des femmes et des filles, soulignant que les violences domestiques se sont accrues sous ses effets, en l’absence des services de prise en charge des cas signalés.

M. Cheikh Fall a déclaré qu’en septembre 2021, plus d’une quarantaine de pays ont mis en place des mécanismes de réponse aux VBG, dans un moment où la quasi-totalité des services médicaux sont orientés vers la prise en charge des cas de Covid-19. Quelques 121 pays ont pris des mesures de renforcement de leurs services médicaux pour la prise en charge des violences domestiques. Il s’agit selon lui, de violences pernicieuses et silencieuses, soulignant qu’ONU-Femmes a publié un rapport selon lequel 131 femmes sont tuées chaque jour par un membre de la famille.

La Mauritanie en Orange – Crédit Aidara

Citant l’ampleur du phénomène, le Représentant de l’UNFPA dira que ce genre de violence rôde auprès de nous et le nombre de femmes battues, de filles mariées par la force ou victimes d’inceste, ne cesse de s’accroître. « Il est urgent de prendre des mesures tendant à renforcer la capacité des services sociaux et de santé pour prendre en charge les victimes de violences domestiques », a-t-il suggéré. Il a ajouté, le renforcement de la prévention, le soutien financier aux femmes et aux ménages, le renforcement de l’égalité des sexes et l’implication des acteurs clés (notables, religieux, etc.) dans la lutte contre les VBG, ainsi que la consolidation des outils de collecte et d’analyse des données sur ce phénomène.

Enfin, M. Cheikh Fall, a réitéré la disponibilité de l’UNFPA à poursuivre son appui et son accompagnement à l’égard du gouvernement et des acteurs de la société civile dans l’élimination des violences à l’égard des femmes et des filles, ainsi qu’à la réalisation des trois résultats transformateurs des ODD, zéro décès maternel, zéro besoin non satisfait en espacement des naissances et zéro violence basée sur le genre.

Conférences et débats

Après le retrait des officiels, les participants ont suivi une communication sur « La violence faite aux femmes et aux filles du point de vue islamique » présenté par l’imam Hademine Ould Saleck, un exposé sur « La femme mauritanienne entre le pouvoir de la société et le caractère flou des textes » par l’avocate Aïchetou Salma Moustapha, « La violence faite aux femmes : un phénomène universel » par Marième Tendeghi, spécialiste en santé de la reproduction, « Médias et questions de violence à l’égard des femmes » par Aminetou Mint Khouna, Réseau des journalistes mauritaniennes.

A noter que la cérémonie officielle a été aussi marquée par la présence du Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, M. Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi.

Cheikh Aidara