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Redevabilité et Carte de performance, GFF Mauritanie se réunit avec les parties prenantes dans le domaine de la santé communautaire

Pendant deux jours, du 14 au 15 novembre 2022, la plateforme GFF Mauritanie s’est réunie à Basra (Nouakchott) avec les parties prenantes sur la redevabilité des services de santé et la Carte de performance communautaire. Une ébauche de plan d’action a été élaborée à la fin de l’atelier.

G. à Dr. Amadou Bousso, Baba Cheikh et Hawa Ba – Crédit Aidara

Le mécanisme de financement mondial de la santé (GFF), à travers sa plateforme en Mauritanie, a organisé une rencontre qui a regroupé plusieurs parties prenantes (prestataires de services de santé et organisations de la société civile). Cette réunion qui s’est étalée sur deux jours, les 14 et 15 novembre 2022 dans le quartier Basra à Nouakchott, a été marquée par une présentation générale de la plateforme GFF Mauritanie, suivie d’une communication sur la redevabilité et la carte communautaire de performances (CCP). La fin de l’atelier a été marquée par des travaux de groupe qui ont débouché sur une ébauche de plan d’action.

GFF Mauritanie

Selon Aliou Diop, vice-président de GFF Mauritanie, « la plateforme GFF Mauritanie a été créé en 2019. Elle a pour objectif d’accélérer la lutte contre la mortalité maternelle, infantile et adolescent, à travers l’amélioration des prestations offertes par les services de santé et l’amélioration de la qualité de vie des femmes ».

Aliou Diop (debout) lors de son discours de bienvenue aux participants – Crédit Aidara

Dans une communication présentée à l’occasion, il a donné un aperçu général de cette structure. Il a indiqué qu’il s’agit d’un mécanisme de financement de la santé qui est basée sur une approche intégrée du système de santé. La plateforme GFF Mauritanie est pilotée par une plateforme nationale constituée des principaux acteurs (gouvernement, partenaires techniques et financiers, société civile) avec une composante Jeune.

Cette plateforme s’est constituée en plusieurs étapes, d’après lui. La première étape fut le ciblage par la Banque Mondiale d’un certain nombre d’acteurs clés de la société civile, notamment la coalition ENEN (ENsemble Espaçons nos Naissances), AMSME (Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant), AGD (Association des Gestionnaires de Développement), Stop Sida, MauriSanté et AMPF (Association Mauritanienne pour la Promotion de la Famille), avec un Secrétariat permanent.

La deuxième étape, c’est celle du renforcement de capacités des acteurs lors d’un atelier à Dakar qui a bénéficié à ACF (Action Contre la Faim), AGD, AMSME, VacNet (domaine de la vaccination) et MauriSanté. Cette session a abouti au Consensus de Dakar et la mise en place d’une coalition inclusive dans une démarche transparente. Le leadership de cette coalition mauritanienne du GFF a été confiée à AMSME.

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

La troisième étape a été consacrée à l’adoption et à la validation des textes constitutifs de la coalition, suivie d’une large campagne de communication et le lancement de candidatures pour l’accès aux financements du GFF. La journée de validation des textes a été suivie par la mise en place des instances du GFF Mauritanie avec l’appui d’ACF. Une charte d’engagement définit le fonctionnement de la coalition.

La mise en place des instances s’est fait au niveau central et régional. Elle s’est soldée par l’élection de points focaux dans chaque région, suivie de l’élection de la Coordination nationale représentée par un Bureau et la mise en place de commissions thématiques.

Le Bureau exécutif de la coalition GFF Mauritanie est constitué de 5 membres, président, vice-président, secrétaire général, chargé de communication et représentant des jeunes. Il se réunit chaque mois.

Les commissions thématiques comprennent la redevabilité, la nutrition, le suivi-évaluation, le plaidoyer et la mobilisation des ressources. Elles se réunissent tous les trois mois.

Un plan d’action autour de 7 axes

La mise en place du plan d’action de la coalition autour de 7 axes prioritaires a bénéficié de l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).

Aicha Bilal (AFM) lors de son intervention dans les débats – Crédit Aidara

Après la cartographie des acteurs de la société civile actifs dans le domaine de la santé, une journée information-éducation-communication (IEC) a été organisée ainsi qu’un dialogue national entre la coalition et les autres acteurs, notamment les pouvoirs publics, les partenaires techniques financiers (PTFs) et le secteur privé. Le consensus s’est fait sur le principe qu’il faut accorder la priorité là où il y a des problèmes, là où les femmes et les enfants meurent le plus, là où la santé des jeunes est moins prise en compte, etc.

Il a été question par la suite d’un programme de renforcement des capacités des acteurs de la coalition et l’établissement d’un partenariat avec les médias pour des activités d’information et de sensibilisation sur la stratégie mondiale de la santé reproductive et la nutrition.

Il s’est agi aussi de renforcer le plaidoyer à l’occasion des grands évènements nationaux et internationaux en relation avec la santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent, en plus de la nutrition.

Acquis du GFF Mauritanie

Abordant le bilan réalisé par la coalition, Aliou Diop a cité la prise de contact avec les parties prenantes, la participation aux activités de planification du Ministère de la Santé, l’élaboration d’un plan de travail pour la période 2020-2025, la participation dans la gestion de la pandémie Covid-19 avec l’appui de l’UNFPA pour affiner le plan d’intervention de la société civile.

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

Parmi également, le bilan réalisé, la mobilisation des ressources initiales par la mise en place d’un secrétariat permanent et la réalisation d’activités préliminaires du plan d’action.

En termes de perspectives, Aliou Diop a évoqué le renforcement de la communication et de la coordination avec le gouvernement, la mobilisation des ressources, la mise en place d’un dispositif de renforcement de capacités des membres de la coalition ainsi que celle d’un dispositif de suivi des engagements Pays sur la santé reproductive et la nutrition (SR/N), le plaidoyer et le renforcement de la coordination avec le niveau régional et local.

« Il y a beaucoup d’argent dans le dossier d’investissement de la Mauritanie pour le GFF, la bagatelle de 13, 6 Milliards MRU » a indiqué Aliou Diop, qui a cité quelques zones prioritaires devant bénéficier de cette manne, notamment les deux Hodhs, l’Assaba, le Guidimagha…

Enfin, il dira qu’il y a encore des difficultés à surmonter, en particularité le faible engagement de la société civile ainsi que sa faible structuration, même si son rôle est reconnu comme pertinent par le gouvernement et les partenaires au développement.Il a évoqué aussi la quasi inexistence de l’engagement des jeunes. « Le gouvernement et la société civile ont la responsabilité de coordonner un meilleur partenariat pour la mise en place du dossier d’investissement de façon coordonnée » a-t-il conclu.

La Carte Communautaire de Performances (CCP)

La communication sur la CCP a été présentée par Amadou Bousso, membre de GFF Mauritanie pour le compte d’Action Contre la Faim (ACF). Selon lui, la CCP est un outil de redevabilité au niveau des prestataires de services dans les structures de santé. Elle joue un rôle de plaidoyer vers les décideurs (Ministère de la Santé et PTFs). Amadou Bousso insiste qu’il s’agit avant tout d’un « plaidoyer positif pour la qualité des services et l’efficacité de la redevabilité par rapport à l’offre de services de santé ». Son but est d’influencer la prise des bonnes décisions. Sa principale stratégie repose sur l’utilisation du dialogue dans un forum participatif qui réunit les prestataires et les utilisateurs.

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

Parmi les principales caractéristiques de la CCP, selon Amadou Bousso, son aspect participatif et son utilisation au niveau local avec comme unité d’analyse, la communauté. La CCP permet aussi, d’après lui, de générer de l’information à travers des interventions au sein des groupes cibles, ainsi qu’une participation maximale de la communauté locale.

Les prestataires et la communauté peuvent ainsi consensuellement, relever un problème au niveau d’une structure de santé (signaler par exemple l’absence de toilettes). La CCP permet de fournir un feed-back immédiat aux prestataires de service en mettant l’accent sur une réponse immédiate et une prise de décision conjointe. Elle permet surtout de créer un dialogue mutuel entre les utilisateurs et les prestataires de service de santé, avec un suivi conjoint du processus de règlement d’un problème posé.

Amadou Bousso a souligné qu’il ne s’agit pas « d’accuser ou de rejeter la responsabilité d’un problème sur quelqu’un, ni de servir de règlement de compte ou de créer des conflits ».

La CCP peut être utilisée, selon Amadou Bousso, par les institutions gouvernementales et les organisations de la société civile, ainsi que les structures communautaires.

Les principales phases de la CCP sont, selon Amadou Bousso, la planification et la préparation, la réalisation de la CCP avec les prestataires, la réunion d’interface et la réalisation d’un plan d’action et du suivi-évaluation.

Les participants ont ensuite appris à remplir le formulaire de priorisation des problèmes à poser, avant de se scinder en groupes de travail. A la fin de l’atelier, un plan d’action a été ébauché.

Avaient contribué à la facilitation, Baba Cheikh, Chargé de la mobilisation des ressources et Hawa Bâ, représentant les jeunes, tous deux membres de la coalition GFF Mauritanie.

Cheikh Aïdara

TEMOIGNAGE

Bâ Fatimata Mamoudou, membre du Club des Jeunes Ambassadeurs SR/PF

« La rencontre était très intéressante, surtout l’environnement dans lequel elle s’est déroulée. J’ai beaucoup appris car j’étais entourée de grandes personnes expérimentées qui m’ont permis d’emmagasiner beaucoup d’idées. Nous avons reçu un apprentissage, par rapport notamment à la CCP, qui va nous servir à l’avenir, en particulier dans l’élaboration de nos plans d’action avec les prestataires et les communautés. Cela m’a permis surtout de faire de nouvelles rencontres. »


Afrique : le journaliste mauritanien Cheikh Aïdara remporte un prix

Le journaliste mauritanien Dieh Mokhtar Cheikh Saad Bouh dit Cheikh Aïdara a remporté le 2e prix de la 7e édition du concours d’excellence en production médiatique sur les Droits en Santé Sexuelle et Reproductive/Planification Familiale (DSSR/PF) dans la catégorie presse en ligne et blog grâce à son article intitulé «Les femmes nomades de Mauritanie : des milliers de laissées pour compte dans l’accès aux services de santé sexuelle reproductive et à la contraception », publié dans aidara.mondoblog.org.

Les autres lauréats viennent du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Niger et du Togo. «Les lauréats des premiers prix de chaque catégorie recevront une somme d’un million (1.000.000) de FCFA et seront invités à la cérémonie de remise des prix. Les seconds, quant à eux, recevront chacun une somme de cinq cent mille (500.000) FCFA», indique dans un communiqué l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou organisateur du concours en collaboration avec Population Council.

Les prix seront décernés lors d’une cérémonie officielle à la 11ème Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou qui se tiendra à Niamey au Niger.

Journaliste à L’Authentique, Cheikh Aïdara est passionné des sujets relatifs aux questions de développement, notamment la santé maternelle, santé reproductive, planification familiale, mais aussi les questions liées à l’exploitation au travail.

Il est, par ailleurs, consultant externe pour le Fonds des Nations Unies pour la Population et le Bureau International du Travail.

Membre du Bureau exécutif du Réseau des journalistes africains en Santé, Population et Développement, Cheikh Aïdara est également président de l’Association des journalistes mauritaniens en santé et nutrition et le chargé de communication du Réseau SUN Mauritanie.

Par Babacar BAYE NDIAYE
Pour Cridem

https://cridem.org/C_Info.php?article=760885


Atelier de formation des journalistes mauritaniens : désinformation et fact-checking, comment agir ?

Fin, vendredi 11 novembre 2022, de cinq jours de formation des journalistes mauritaniens et certains cadres de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA), sur la désinformation et le fact-checking.

L’ambassadeur de France lors de son discours, à ses côtés, le président de la HAPA – Crédit Aidara

Les locaux de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) ont abrité vendredi 11 novembre 2022 la clôture de la session de formation de cinq jours sur la désinformation et le fact-cheking qui avait réuni une vingtaine de journalistes des secteurs publics et privés, ainsi que des cadres de la HAPA. La cérémonie s’est déroulée en présence du Président de la HAPA, M. Houcein Ould Medou, de l’Ambassadeur de France en Mauritanie, SEM. Alexandre Garcia, accompagné entre autres cadres de l’ambassade, du Conseiller Chef du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC), M. Bernard Rubi, et le Chargé de communication représentant le Délégué de l’Union Européenne, M. Ly Mamadou.

La cérémonie a été marquée par un échange de discours entre le Président de la HAPA et l’Ambassadeur de France, sur la coopération qui les lie et les perspectives de partenariat dans le futur pour le renforcement des capacités des journalistes mauritaniens et des cadres de la HAPA. Des attestations ont été par la suite distribués aux participants.

Il faut rappeler que cette session de formation a été animée par M. Laurent Bigot, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication, directeur de l’école publique de journalisme de Tours (France), directeur de formation « Média et Démocratie », membre du réseau international de fact-checking, l’IFCN (International Fact-checking Network) et auteur de plusieurs ouvrages sur le fact-checking et les fake news.

A l’ouverture

Lors de l’ouverture de l’atelier, lundi 7 novembre 2022, Monsieur Houcein Ould Meddou avait saisi l’occasion pour souligner l’importance de la thématique sur la désinformation et le fact-checking ainsi que sa pertinence.

« L’objectif de cette formation est double. Il s’agit de se donner un outil pour couvrir d’une manière professionnelle les informations en vérifiant et en recoupant les faits. Ensuite, pour combattre les dérives qui peuvent mettre en cause les personnes, les groupes sociaux, la paix et la cohésion sociale de notre pays » a-t-il souligné. Il a précisé que l’information est au cœur des sociétés, elle est devenue un droit des citoyens, mais doit s’exercer dans le strict respect de l’éthique et de la déontologie. Il a annoncé dans la foulée des perspectives de coopération avec l’ambassade de France et l’agence de régulation française (ARCOM) dans le domaine du numérique, de la régulation, du genre et du monitoring, entre autres. Cela, au regard des attributions élargies de son institution, après la réforme générale de la presse, a-t-il ajouté en substance.

De Dr. à Gauche, Cheikh Aidara, Dieng Cheikh (HAPA), ambassadeur de France, Président HAPA, Laurent Bigot, Directrice TV Dava – Crédit Aidara

De son côté, Monsieur Bernard Rubi, a indiqué qu’à travers le service de coopération de l’ambassade, « la France agit en faveur des journalistes et des médias mauritaniens et s’engage dans la lutte contre la manipulation de l’information, en appuyant en particulier la HAPA dans la mise en œuvre de son plan d’action ». Il a rappelé dans ce sens la rencontre en février 2022 entre le président de la HAPA et l’ancien ambassadeur de France, la formation accordée au niveau local à six journalistes mauritaniens suivis de leur immersion dans des rédactions à Marseille. Il a cité aussi la participation de la HAPA, dans le cadre de sa coopération avec la France, à la conférence des présidents du réseau francophone des régulateurs des médias (REFRAM) qui s’est déroulée cette année sous la présidence de l’Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique (ARCOM) de France.

Il a conclu ses propos en déclarant que « le lancement de la formation qui nous réunit ce matin me permet de réaffirmer le partenariat entre l’ambassade de France et la HAPA autour d’une priorité commune : la lutte contre la désinformation ».

Nous vous livrons ci-après une synthèse des travaux réalisés par Houleye Kane, journaliste Free-lance (les Haut-parleurs de France 24), Cheikh Aidara (L’Authentique), Khalilou Diagana et Sori Mori, (Agence Mauritanienne d’Information).

Définitions et concepts

 A l’entame de la deuxième journée de la formation, le formateur, Laurent Bigot, a rappelé que sur le fond, il n’y rien de nouveau en matière de désinformation. Mais, la pratique, avec la numérisation, a pris une dimension plus importante du fait de l’utilisation à grande échelle d’images, de vidéos… la désinformation profite aussi de nouvelles opportunités de diffusion basées sur les algorithmes, ainsi que les profits économiques que peut générer le nombre de clics.

Le formateur a aussi rappelé la différence entre fake-news et false news (désinformation et mésinformation), en notant que les fake news se caractérisent par l’intention de désinformer.

Après ces rappels, sur demande du formateur, les participants ont donné quelques exemples de mésinformation et de désinformation.

Dans les échanges qui ont suivi ces exemples, le formateur a noté que, pour un professionnel des médias, rien ne justifie la non- vérification d’une information avant sa publication.

Cette vérification est d’ailleurs une obligation inscrite dans les codes et Chartes de déontologies. Le public, a insisté le formateur, doit être informé clairement de la rectification des informations erronées publiées par le journaliste.

Historique du fact-checking

Le formateur a rappelé la définition du fact-checking qui est « une pratique journalistique consacrée à la vérification de l’information par des faits et chiffres… »

Il a noté que cette pratique est née en 1920 dans la presse magazine ou les journalistes prenaient le temps de vérifier à priori les informations pour se prémunir des plaintes et procès couteux.

En 2000, il y a eu une évolution dans la pratique du fact-checking. « Le travail des journalistes spécialistes de la vérification qui s’appliquait aux noms, dates, chiffres… avant publication », laisse la place « à un travail de vérification ponctuel, réalisé après publication et appliqué seulement aux propos publics tenus par les politiques ».

Depuis 2016, le fact-checking s’applique aussi aux rumeurs et à toute la désinformation appelée Debunking. Ainsi les journalistes repèrent les propos ou informations douteux, ils en vérifient le contenu factuel en croisant plusieurs sources. Ils livrent ensuite le fruit de leur travail au public.

Avantages du fact-Checking

La pratique du fact-Checking présente plusieurs avantages.

-La crédibilité des médias et du journalisme :

C’est un moyen pour les journalistes de se démarquer dans un contexte d’offre éditoriale surchargée appelée infobésité

-Cette pratique permet aux journalistes de renouer avec les fondements de leur métier par la vérification, l’enquête…

-C’est aussi une source de revenus direct et indirect

Sur ce point, le formateur a donné l’exemple du programme de vérification des contenus douteux par des médias de fact-checking rémunéré par Facebook.

Le fact-checking génère des ressources pour les rédactions

Les revenus potentiels du fact-checking et les normes internationales du fact-checking et du Debunking ont été l’objet de discussion durant le troisième jour de la formation.

Le formateur s’est tout d’abord attardé sur les sources de revenus directs et indirects que peut occasionner le fact-checking labellisé qui permet, selon lui, de se saisir d’un véritable « marketing éditorial », de valoriser sa marque média auprès des institutions et des plateformes internationales, de multiplier ses abonnés et de faire partie du réseau international des fact-checkers, comme Afrika Check créé en 2012, ou Congo fact-checking. A cela s’ajoute, d’autres avantages, comme la notoriété, la crédibilité, l’accès à des éventuels fonds d’appui à la presse et le développement du cadre de son partenariat.

Dans ce cadre, il a cité l’exemple de certaines initiatives ayant bénéficié du travail dans la vérification de l’information, notamment ceux soutenues par les deux géants numériques, Google et Facebook.

 C’est l’exemple de la coalition Cross Check, ayant réuni trente-trois rédactions françaises durant la campagne présidentielle de 2017 et soutenue financièrement par Google, via l’organisation First Draft ; et the Facebook’s Third-Party Fact-Checking Program, une initiative consistant à démonter et signaler les rumeurs présentes sur sa propre plateforme, en faisant appel à des tierces parties, en l’occurrence, les rédactions de fact-checking assermentées, qui sont rémunérées pour ce travail.

A l’ouverture, Houcein Medou entouré de Laurent Bigo (à gauche) et Bernard Rubi (à droite) – Crédit Aidara

Néanmoins, des risques peuvent également surgir du travail dans le fact-checking. Ces risques sont généralement d’ordres informatiques, personnels, éditoriaux ou autres.

Ensuite, il a été question d’évoquer les normes internationales du fact-checking et du Debunking.

Laurent Bigot a particulièrement précisé, que la lutte contre les fausses informations nécessite des pratiques rigoureuses et codées. Il s’agit en effet selon lui, de corriger des informations données ailleurs et par quelqu’un d’autre, de gagner la confiance des lecteurs, en évitant de faire des erreurs soi-même, et de veiller à tous ses contenus.

Au sujet des règles et bonnes pratiques du fact-checking, il a été question de préciser qu’il existe déjà, en premier lieu, des règles pour le journalisme et la vérification dans les rédactions (les chartes internes) et dans les instances comme les syndicats et les autorités de régulation.

D’autre part, des règles existent pour le réseau international des fact-checkers (IFCN), dont le code de principes comprend 31 critères ; et le code de standards de l’EFCN (Européen Fact-checking Standards Network).

Revenant sur les qualités du réseau international des fact-checkers, Laurent Bigot a indiqué que ce réseau, créé en 2015 et rattaché au Poyter Institute, est doté d’un code de principes considéré aujourd’hui par les plateformes comme un label de qualité pour sélectionner les organisations fiables de fact-checking.

Ce code a principalement trois objectifs qui lui permettent de garantir que les utilisateurs voient et comprennent comment les organisations fonctionnent, et qu’ils puissent leur faire confiance ; de s’assurer que les utilisateurs puissent reproduire les fact-checkings par eux-mêmes ; et d’aider les organisations à gagner la confiance du public.

Ces 31 critères constituant le code sont repartis en 6 principes dont chacun contient un certain nombre de critères. Le premier principe concerne : l’éligibilité des signataires, le second : l’impartialité et l’équité ; le troisième : les normes et la transparence des sources ; le quatrième : la transparence des financements et de l’organisation ; le cinquième correspond aux normes et transparence de la méthodologie ; et le dernier principe concerne la politique de correction claire et honnête.

Les ressources en matière de vérification

En ce quatrième jour de formation, le programme concernait les ressources utiles en matière de vérification, les instances de régulation et le rôle de la HAPA dans la lutte contre la désinformation.

Il a été question pour le formateur en amont, de rappeler les codes et principes de l’IFCN, en quoi ils peuvent être un critère de sélection important pour les organisations. Google et Facebook en sont des exemples concrets. Google met ainsi en évidence des fact-cheking produits par les signataires et Facebook donne accès à ses outils de vérification à ses seuls signataires.

Ressources utiles et exemple d’actions en matière de vérification

Il a été question ici de lister des outils pratiques dans la recherche et la vérification qui peuvent permettre au journaliste de remonter à la source et de vérifier des images 

Cas de la haute autorité indépendante pour la communication et l’audiovisuelle (HAICA) en Tunisie, qui est un organe de l’Etat,définiavec les mêmes principes que la HAPA en Mauritanie, mais qui a un rôle très particulier dans la lutte contre la désinformation. La HAICA s’est dotée de compétences et de chantiers prioritaires avec la mise en place d’un site de fact-checking qui permet de lutter contre la désinformation. Concept que les journalistes mauritaniens jugent un peu trop forcé pour une autorité de régulation qui devrait plutôt accompagner, plutôt que d’être initiatrice d’une action journalistique. Un module qui a permis de croiser les différentes initiatives ou instances existantes qui jouent aussi un rôle de promoteurs de la désinformation, avec l’exemple de ARCOM en France, qui régule Internet et les réseaux sociaux, en insistant sur la transparence des outils de signalement de la désinformation.

Une autre partie du programme de la journée concernait un atelier d’échanges sur le rôle de la HAPA dans la lutte contre la désinformation. Partant d’un diagnostic de ses relations avec les médias en Mauritanie, et des possibilités de son implication dans le processus de lutte contre la désinformation.  Au cours de l’atelier, les journalistes ont pu construire des réflexions autour de quelques propositions que voici :

– La HAPA doit avoir un rôle de régulateur et d’accompagnateur des journalistes dans la lutte contre la désinformation et la promotion d’un journalisme de qualité

–              Initier des formations

–              Accorder un appui technique et financier, avec mise à disposition de logiciels et outils de production (appui technique et financier, logiciel outils traitement et de production

–              Accompagner la réactualisation des textes législatifs

–              Accompagner l’élaboration d’une charte éthique et déontologie spécifique à la lutte contre la désinformation

–              Créer une plateforme d’échanges dans le cadre de la mise en relation des acteurs sur la question de la lutte contre la désinformation 

–              promouvoir la synergie entre les médias (publique, privé, indépendant, RS)

–              Intégrer les plateformes en ligne au système de monitoring de la HAPA

–              Mettre en place un comité de veille pour la lutte contre la désinformation

–              Faciliter la rencontre avec les non professionnels (blogueurs etc.) et les médias professionnels

–              Veiller à identifier les vrais médias

Former des professionnels mauritaniens en fact-checking

Le cours a commencé par le rappel de l’importance pour la HAPA d’identifier les journalistes et les médias professionnels et avec lesquels elle pourra travailler pour revaloriser le métier de journaliste qui tend à se dissoudre dans cette floraison d’acteurs nouveaux comme les blogueurs et les influenceurs. Un tel label pourra s’appuyer sur celui de Reporters Sans Frontières.

Ensuite, il a été question du lieu-ressources pour faciliter le travail journalistique et mettre à la disposition des acteurs de la presse des espaces de travail adéquats, genre Maison des Journalistes, où ils pourront disposer de mobiliers, d’une connexion Internet, etc.

Les participants ont suivi par la suite un cours sur l’éducation aux médias (EMI), car le public, victime du désordre informationnel. Pour éviter ces confusions, il est recommandé de passer à l’éducation, comme c’est le cas déjà au Cameroun où un des médias fait beaucoup dans ce domaine, mais aussi en Centrafrique.

Ainsi, le rôle de la HAPA doit s’élargir par une campagne de sensibilisation des populations, en les informant sur son rôle, son utilité et son importance pour la collectivité. Elle doit aussi mener des actions de prévention contre la désinformation et les rumeurs sur Internet et les réseaux sociaux.

Il s’agit de redonner confiance au grand public et les avertir du danger à s’informer n’importe où et n’importe comment.

Le formateur apprend que des institutions comme l’UNESCO, ainsi que des fondations, soutiennent les initiatives d’éducation aux médias et il a incité les journalistes à s’emparer de cette thématique.

Il s’agira ainsi de former des professionnels (journalistes ou non) sur ce sujet, promouvoir financièrement les actions via des bailleurs. Il a indiqué qu’il faut parler avec les jeunes avec les canaux qui leur sont familiers comme Tiktok, Instagram, et non leur parler de Facebook, car la majeur partie des jeunes ne sont pas sur cette plateforme.

Un débat animé a tourné entre les participants sur l’influence grandissante des blogueurs et influenceurs au détriment des journalistes professionnels.

Comme exemple d’EMI, le formateur a donné l’exemple de l’initiative hachtag Stop ATéné en République Centrafricaine, qui a tourné autour d’une action collective avec la participation de divers acteurs (journalistes, blogueurs, artistes), avec même une chanson sur la désinformation.

Enfin, le formateur a livré quelques pistes sur lesquels la HAPA pourra travailler pour lutter plus efficacement contre la désinformation, à travers le fact-cheking, le monitoring et la tracking.

Cheikh Aïdara



Elections générales de 2023, le parti RAG et Birame Dah Abeid sur la sellette d’une exclusion programmée

Si l’aune populaire devrait être le baromètre sur lequel se mesure la légitimité d’un mouvement politique, le parti Refondation pour une Action Globale (RAG), doit être considéré comme un partenaire incontournable sur l’échiquier politique national. Son exclusion infondée de la compétition électorale en vue en 2023, notamment les législatives, les régionales et les communales, dans l’objectif de l’éliminer, ressemble fort bien à une déloyale volonté d’écarter de la compétition, un adversaire redouté d’autant plus qu’il menace la pérennité d’un système de gouvernance que beaucoup de Mauritaniens commencent à ne plus supporter.

La récente tournée de Birame Dah Abeid, leader de l’Initiative de Résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et de la direction du parti RAG dans les principales localités du Trarza, ainsi que leurs tournées précédentes dans les régions du Nord et de l’Est, ont démontré l’adhésion massive des populations à une vision politique qui représente pour elles une alternative à la gestion tatillonne de pouvoirs successifs qui continue de plonger les Mauritaniens dans la pauvreté, le dénuement et le chômage, avec la recrudescence des faits d’injustice, la montée dangereuse du tribalisme et du favoritisme, mais aussi la déficience de l’offre publique sociale.

Les ressources publiques qui devraient servir au bien-être des populations font l’objet de détournement tous azimuts, au milieu d’un laissez-allez, où les orientations même du président Ghazouani restent lettres mortes.

Face aux défis nombreux qui entravent encore le développement socioéconomique de la Mauritanie, l’alternance politique réclamée par toutes les franges de la population devient ainsi un impératif auquel les forces du statu quo tente de résister de toutes leurs forces.

Dans cette volonté de poursuivre la destruction progressive des reliquats d’une République en difficulté, la majorité qui gouverne le pays, héritière d’une longue tradition de régimes prédateurs qui gouvernent la Mauritanie depuis 1978, tente ainsi de sauver sa peau.

Les élections législatives, régionales et communales de 2023 constituent ainsi un enjeu majeur et un tournant décisif que tous les Mauritaniens appellent de tous leurs vœux. Le changement de régime politique est devenu une exigence, tant la déliquescence des institutions chargées de la gestion du pays ont failli à leur mission, et cela, à tous les niveaux de la pyramide étatique.

Même des forteresses garantes de la pureté de la République, comme l’armée, sont aujourd’hui dévoyées, gangrénées par l’immoralité érigée en mode opératoire, celle qui a expurgé la société mauritanienne de ses valeurs intrinsèques.

La solution à la crise multiforme que connaît le pays depuis des décennies, devrait venir, selon la majeure partie de l’opinion publique nationale, d’un chamboulement total et d’une refondation de la République.

Les Mauritaniens sont aujourd’hui conscients qu’un tel changement est devenu aujourd’hui vital pour la survie du pays en tant qu’Etat. Ils sont également inquiets face à la volonté politique actuelle de fausser les règles du jeu démocratique lors des prochaines consultations électorales. Les prémisses d’une CENI inégalement constituée et d’une élite politique dite opposante, en toute apparence complice d’un partage mutuellement avantageux du gâteau national, sont autant de signaux peu encourageants pour une compétition réellement transparente et claire.  

Reconnaître le parti RAG, ainsi que tous les autres partis dont les dossiers dorment dans les tiroirs du Ministère de l’Intérieur, donnerait le gage d’un respect par la Mauritanie de ses engagements internationaux et de ses propres textes législatifs par rapport à l’exercice du droit politique.

Cheikh Aïdara

COMMUNIQUE DU PARTI RAG

Le récépissé du RAG, une revendication nationale

Face à l’entêtement à ne pas lever l’injustice dont est victime, pendant plusieurs années durant le Parti politique Refondation pour une Action Globale (RAG), l’octroi du récépissé formel qui bloque la reconnaissance de cette formation est aujourd’hui devenu une revendication légitime à tous les nouveaux des formations politiques et de la société civile naguère complètement muettes sur la question.

La revendication relative à la levée du blocage injustement imposé à RAG est consécutive à la patience et à l’attachement profond des militants et sympathisants du Parti à la paix sociale et à la quiétude des citoyens et du pays malgré les provocations multiples et variées de nature à rompre prématurément l’apaisement nécessaire alors à la situation sociopolitique du pays.

Aujourd’hui, à quelques mois seulement des élections municipales régionales et législatives, rare est l’organisation de la société civile qui ne milite pas en faveur de la reconnaissance de RAG, reconnaissance partagée par la totalité des formations politiques ayant participé aux travaux organisés par le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation.

Par ailleurs, l’opinion nationale et l’opinion internationale auront beaucoup de mal à comprendre que le parti RAG qui a fait preuve de sagesse, de patience et de popularité soit privé d’un cadre qui lui est propre afin de participer aux élections en vue.

Enfin, compte tenu de tout ce qui précède et quoi que l’on dise, la privation du Parti RAG d’avoir son propre cadre, tout en constituant un recul des acquis démocratiques contribue sans nul doute à entacher la crédibilité des élections prochaines. Il revient donc aussi bien aux autorités publiques comme aux différentes forces politiques et de la société civile comme aux personnalités de notoriété publique d’entamer toutes les démarches urgentes pour lever le blocage injustement imposé au parti RAG.

Nouakchott le 10/11/2022

Le Bureau exécutif de RAG