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Réunion de la BID à Sharm El Sheikh, le Premier ministre égyptien parle d’un secteur privé à booster pour l’atteinte des ODD

Le Capitole et sa salle de 10.000 places, logé au Centre International des Conférences de Sharm El Sheikh (Egypte) a abrité, jeudi 2 juin 2022, l’ouverture officielle de la 47ème réunion annuelle du Groupe de la Banque Islamique de Développement (BID). Le Premier ministre Egyptien, Dr. Mustapha Medbouli et les principaux intervenants ont proposé des solutions de sortie de crise pour les pays membres, malgré un contexte mondial fortement marqué par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. La relance du secteur privé pour l’atteinte des ODD est la voie tracée par l’Egypte.

Au premier plan, Le PM Medbouly (au centre), à sa gauche Dr. Hella et à sa droite Dr. Al Jasser-Crédit Aidara

Prenant la parole au cours de l’ouverture officielle de la 47ème réunion annuelle de la BID le 2 juin 2022 à Sharm El Sheikh, le Chef du gouvernement égyptien, Dr. Mustapha Medbouli, a transmis à l’assistance les salutations du président Abdel Fetah Sissi. Il a adressé ses remerciements au Groupe de la BID pour les efforts inlassables en faveur de ses 57 pays membres, ainsi que les expertises qu’elle n’a cessé de mettre à leur disposition tout au long des quatre décennies passées. Il a aussi remercié la BID d’avoir choisi la ville de Sharm El Sheikh pour sa rencontre qui intervient, selon lui, dans un contexte mondial difficile qui requiert une nouvelle vision capable de s’adapter à ces circonstances.

Atteindre les ODD en développant le secteur privé

Le Premier ministre égyptien a décrit une situation mondiale compliquée et inextricable avec la pandémie Covid-19 et les crises géopolitiques qui ont bouleversé les équilibres aussi bien sur le plan économique et social, affectant plus durement les pays les plus fragiles et les populations les plus démunies. « Le monde commençait à peine à se remettre des impacts de la covid-19 qu’éclate la guerre entre la Russie et l’Ukraine, rendant l’avenir encoure plus incertain » a-t-il déclaré…

Le Premier ministre d’Egypte – Crédit Aidara

Selon lui, cette situation affecte les plans de développement au niveau mondial, en particulier les pays membres de la BID déjà confrontés à des problèmes économiques, sociaux, environnementaux et de développement durable. Il a exhorté les pays membres de la BID à absorber toutes ces transformations structurelles et à s’y adapter. D’où, selon lui, la nécessité de booster le secteur privé et les initiatives individuelles, tout en préconisant des solutions durables face aux effets des changements climatiques, ainsi que leurs impacts sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. Il a préconisé dans ce cadre le développement du capital humain, l’investissement dans le savoir et le renforcement des échanges commerciaux entre les Etats.

Malgré les défis, la BID affiche une bonne santé

Auparavant, le Président du Groupe de la BID, Dr. Muhammad Soulaiman Al Jasser avait pris la parole pour remercier les autorités égyptiennes pour la bonne organisation de cette rencontre annuelle et souhaiter la bienvenue aux délégations et aux institutions régionales et internationales qui ont fait le déplacement. Il a évoqué au passage le total des fonds injectés par la BID en Egypte, soit 18 milliards de dollars U.S, dans divers projets de développement. Il a aussi parlé du Centre régional de la BID qui vient d’être inauguré au Caire en marge du présent sommet de Sharm El Sheikh, saluant la solidité de l’économie égyptienne malgré un contexte mondial marqué par la hausse des prix. Il a souligné au passage l’accroissement de la dette que la guerre en Ukraine vient exacerber au niveau des Etats membres, mais aussi la chute des recettes du tourisme, le renchérissement des prix énergétiques, la fragilité accrue des systèmes de santé mis à nu par la pandémie Covid-19.

Le président Dr. Al Jasser dans le film documentaire (à gauche) projeté lors de la cérémonie- Crédit Aidara

Brossant le bilan du Groupe de la BID au cours de la période 2020-2021, il a cité l’accroissement du capital de 8, 8 milliards de dollars U.S et celui du Fonds Islamique de Développement de 1,6 milliards de dollars, sans compter les autres filiales. Abordant les projets financés par le groupe, il a souligné que ces projets ont profité à 121 millions de personnes dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’assainissement. Selon lui, le capital du groupe a connu un accroissement de plus de 38% en 2022, avec un bénéfice de 150 millions de dollars.

Selon lui, le Plan stratégique du groupe 2021-2025 basé sur les priorités prévoit un fort investissement sur les infrastructures numériques, avec un nouveau programme pour faire face à l’insécurité alimentaire avec une enveloppe de 1,7 millions de dollars.

17 milliards de dollars pour 367 projets en Egypte

Avant lui, Dr. Hella Helmy El Saed, Ministre égyptienne du Plan et du Développement Economique, présidente du Conseil des Gouverneurs du groupe de la BID, avait mis l’accent sur la nécessité d’unir les efforts de l’ensemble des pays membres. Après un succinct rappel de l’histoire du groupe de la BID, née selon elle d’une idée en 1975, elle a exhorté les pays à investir encore davantage dans le capital humain.

Dr. Hella Saed, ministre du Plan d’Egypte – Crédit Aïdara

Elle a souligné que la pandémie Covid-19 et la guerre en Ukraine ont provoqué une forte augmentation de la pauvreté, affectant les capacités de l’économie mondiale tout en provoquant une rupture dans les chaînes d’approvisionnement. Selon elle, il faut renforcer le partenariat entre les gouvernements et la société civile, tout en boostant la coopération régionale et internationale. Les défis restent énormes pour les Etats membres de la BID, d’après Dr. Hella, notamment dans le domaine de l’agriculture, de l’eau, de la santé, de l’assainissement et de l’éducation.

Parlant de l’Egypte, elle a souligné que le gouvernement a injecté 17 milliards de dollars dans 367 projets qui sont intervenus dans le domaine du renforcement du capital humain, de l’éducation et de la santé, saluant au passage les perspectives qu’offre l’ouverture du Centre régional de la BID au Caire.

La coopération BID-OCI

A son tour, M. Hissein Brahim Taha, ancien Ministre des Affaires Etrangères du Tchad et Secrétaire Général de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) depuis novembre 2021, a rappelé que cette 47ème réunion annuelle du Groupe de la BID coïncide avec la 37ème réunion du Conseil supérieur des Gouverneurs. Il a lui-aussi évoqué le choc engendré par la pandémie Covid-19 et ses répercussions économiques, notamment son impact sur les moyens d’existence des populations. Il a rappelé les multiples interventions de l’OCI pour intensifier la coopération entre les Etats membres à travers le levier de la solidarité islamique. Dans ce cadre, dira-t-il en substance, l’OCI a contribué à hauteur de 2,3 milliards de dollars pour amortir les chocs sociaux engendrés par la pandémie et la guerre en Ukraine.

Vue partielle de l’assistance – Crédit Aidara

Selon lui, la hausse du prix du carburant et des denrées alimentaires a surtout affecté les populations vulnérables, soulignant qu’une stratégie de relance économique s’impose. Pour le Secrétaire général de l’OCI, l’action des Etats membres doit s’orienter vers les catégories sociales les plus fragiles comme les femmes et les jeunes, et elle doit cibler les Etats les moins avancés. Pour M. Hissein Brahim Taha, les pays membres de l’OCI qui en ont la possibilité doivent renforcer leur capacité à fabriquer des vaccins.

Selon lui, les Etats doivent créer des programmes spécifiques dédiés à l’agriculture et participer à la mobilisation des ressources au profit du Fonds Islamique de Développement afin qu’il puisse davantage multiplier les projets de réduction de la pauvreté et améliorer les services sociaux. Il s’est réjoui de la coopération entre le Groupe de la BID et l’OCI, mais aussi avec d’autres organisations arabes et islamiques. Il a cité dans ce cadre plusieurs projets financés conjointement avec ces organismes au profit des pays membres.

Il a évoqué à ce titre les accords de Djeddah de 2017, dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, entre l’Organisation Islamique pour la Sécurité Alimentaire (OISA), l’institution spécialisée de l’OCI basée à Astana (capitale du Kazakhstan) et l’Organisation Arabe pour le Développement Agricole (OADA). Il a enfin parlé de deux grands programmes régionaux que l’OCI compte lancer en Afrique et en Asie centrale, pour promouvoir la croissance économique et booster le développement social dans ces deux régions.

5.000 participants

Une grande mobilisation et des salles bondées de participants venus des quatre coins du monde – Crédit Aidara

Cette rencontre a regroupé 5.000 participants, comprenant des ministres chefs de délégation des pays membres, des gouverneurs de banques centrales, des ambassadeurs, des représentants du secteur privé et de la société civile, des bailleurs de fonds et des investisseurs, en plus de centaines d’experts qui ont animé plus d’une dizaine de sessions parallèles.

La délégation mauritanienne, presqu’invisible au cours des assises, était représentée par le Ministre des Finances et le Gouverneur de la Banque Centrale, ainsi qu’un nombre très réduit de cadres. Le secteur privé et la société civile mauritanienne étaient les grands absents de la réunion de la BID à Sharm El Sheikh. Était aussi présent à la rencontre, le Mauritanien, M. Sidi Ould Tah, Directeur Général de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), dont le mandat s’achève en 2024, après trois mandats successifs depuis 2015.

Cheikh Aïdara
Sharm El Sheikh


Assemblée annuelle de la Banque Islamique de Développement, le président du groupe lance le portail en ligne dédié à l’autonomisation économique

Prévue du 1er au 4 juin 2022 à Sharm El Sheikh en Egypte, au Centre International des Conférences, l’Assemblée annuelle du groupe de la Banque Islamique de Développement (BID) s’ouvre aujourd’hui, jeudi 2 juin 2022. Au préalable, plusieurs sessions dont certaines à huis-clos et d’autres ouvertes au public ont démarré la veille. Le Président du groupe, SE. Dr. Muhammad Soulaiman Al Jasser a lancé à l’occasion le portail en ligne de l’autonomisation économique

SE. Dr. Muhammad Soulaiman Al Jasser Président du groupe de la BID – Crédit Aidara

Le Président du Groupe de la BID, SE. Dr. Muhammad Soulaiman Al Jasser, qui a pris fonction le 9 août 2021, a assisté mercredi 1er juin 2022, à la dernière session préparatoire de l’Assemblée annuelle de l’institution financière internationale qu’il dirige. Il était accompagné de plusieurs personnalités, dont Dr. Amer Bakvic, Directeur général du Global Pratice and Partnerships.

Dans la courte allocution qu’il a prononcé à l’occasion, il a annoncé le lancement du portail en ligne dédié à l’initiative « Autonomisation économique », un outil innovant que la BID met en œuvre depuis une vingtaine d’années. Selon lui, cette plateforme est partagée avec les partenaires dans ses aspects relatifs à l’atténuation de la pauvreté à travers l’outil Fin Tech par rapport au développement économique des 57 pays membres. M. Al Jasser a précisé que la BID ambitionne de développer un écosystème capable de promouvoir les meilleures pratiques pour générer et jouer un rôle dans la mobilisation des ressources. « Dans cette entreprise, soyons ensemble pour construire un meilleur avenir et partager des connaissances afin d’asseoir les meilleures pratiques » a-t-il souligné.

Promouvoir la croissance économique inclusive post-Covid-19

La séance à laquelle avait pris part le Président du Groupe de la BID était modérée par Dr. Mathew Gamaer, avec comme panélistes, Dr. Nada Messaoud, conseillère du Ministre de la Planification et du Développement d’Egypte, Dr. Abdel Hakim Waer de la FAO, Dr. Sabrina Akkire, Dr. Houssein Abou Bakr et Dr. Khemass El Ghazza du Fonds Islamique de Solidarité, filiale de la BID.  

Les panélistes – Crédit Aidara

Dr. Nada a parlé des grandes disparités qui existent entre les communautés en Egypte, mais aussi des initiatives sous forme de PME qui se développent et qui tendent à assurer une certaine justice sociale. Selon elle, les PME constituent un secteur actif et pourvoyeur d’emplois, répartis sur l’ensemble du pays, en zone rurale comme en zone urbaine. Un secteur dynamique investi, selon elle, par des femmes et des hommes désireux de briser le cercle vicieux de la pauvreté et que le gouvernement égyptien a appuyé à hauteur de 1 milliard 250 millions de livres égyptiens. Les autorités ont adopté, selon elle, une nouvelle loi incitative pour les PME, avec des facilité d’accès aux terrains, facilités douanières et fiscales, prêts concessionnels, assouplissement juridique pour un secteur resté en grande partie informelle. Elle a précisé que cette initiative est prise en charge à hauteur de 20% par l’Etat et 20% par l’entremise de divers intermédiaires.

Ainsi, d’après Dr. Nada Messaoud, la politique de l’Etat égyptien dans ce domaine s’articule autour de trois axes : un climat favorable à la solution des problèmes rencontrés par le secteur des PME, des projets d’organisation de ces structures à travers des séminaires de renforcement des capacités, l’amélioration des lieux de production, la promotion des start-up, véritables porteurs d’emplois. L’Egypte occupe selon elle, la 2ème place au niveau de la zone MENA (Moyen Orient Afrique du Nord) en termes de développement des PME. Elle a insisté cependant sur le renforcement de la législation et une campagne soutenue de changement de comportement pour rehausser le niveau des expériences.

Il a été beaucoup question au cours de cette session des retombées de la crise Covid-19 et la guerre en Ukraine sur la crise économique mondiale et les dysfonctionnements entre l’offre et la demande sur les marchés mondiaux. Ce qui s’est traduit, en Egypte, par la hausse de l’inflation et la destruction des chaînes d’approvisionnement des PME, qui représentent 90% des entreprises, avec des pertes de 15% des emplois (1, 7 millions de personnes), la chute des salaires et la fermeture de 9% des entreprises parmi les 75% qui ont souffert de la situation.

Le Président Dr. Al Jasser et Dr. Amer Bakvic (au milieu) – Crédit Aidara.

La crise des engrais et des intrants agricoles

Selon Dr. Abdel Hakim Waer, la crise alimentaire qui sévit aujourd’hui du fait de la pandémie et de la guerre russo-ukrainienne est exacerbée par les risques qui pèsent sur la production actuelle du fait des pénuries en engrais et intrants agricoles, la Russie détenant 50% de la production mondiale de ces deux produits. Selon lui, il faut anticiper sur ce qui se passe, en appuyant les zones rurales qui sont les principales productrices et sur lesquelles se concentre l’essentielle des interventions de la FAO. Selon lui, 60% de la production agricole dans les pays en développement proviennent du monde rurale, or la crise des intrants et des engrais a déstabilisé la paysannerie/

Pour Dr. Sabrina, la pauvreté est multidimensionnelle et est frappée par les crises multiformes de ces dernières années, Covid-19 et guerre en Ukraine. Cela affecte selon elle, l’approvisionnement des populations en eau potable, influe sur la scolarité des enfants et accentue la pauvreté monétaire. Une étude réalisée par le PNUD montre, selon elle, que 5,9 millions de personnes dans les pays en développement (dont 3,5 millions de pauvres) vivent dans les zones rurales et qu’elles sont confrontées à des problèmes de production alimentaire. Pendant la pandémie, ajoute-t-elle, beaucoup d’activités ont été affectées et les gouvernements ont connu de graves récessions, d’où le besoin d’une plus grande implication du secteur privé et du système financier et un plus grand esprit d’innovation au niveau des PME.

L’autonomisation économique

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

Dr. Hussein Abou Bakr a lui déploré la rupture de la chaîne d’approvisionnement, soulignant que 80% de la production à la consommation proviennent de la Russie et de l’Ukraine. Selon lui, il faut utiliser la technologie pour lier les industries aux usagers. Il a souligné que la crise mondiale actuelle devra aider les pays en développement à se fortifier et à garder espoir sur les possibilités qu’offrent les technologies numériques dans la prise des meilleures décisions.

De son côté, Dr. Khemass El Ghaza a souligné que le mandat de son institution, le Fonds Islamique de Solidarité pour le développement, vise à réduire la pauvreté dans les pays membres. Il a mis en exergue une étude réalisée par le PNUD qui parle de 100 millions de personnes réduites en 2020 par la pandémie Covid-19 à la pauvreté. L’une des solutions à ce problème a été selon lui, l’initiative de l’Autonomisation économique, un programme propre à la BID qui constitue l’une des actions les plus importantes prises dans ce domaine. De 2,2 millions de dollars, la BID est passée à 4,4 milliards d’engagements financiers en faveur des pays membres, plus que les fonds disponibles, a-t-il ajouté en substance.

Photo de groupe panélistes plus quelques membres du staff de la BID – Crédit Aidara

Cela a nécessité selon lui beaucoup d’actions dans la mobilisation des ressources pour faire face à la crise. Il ajoute par ailleurs que l’autonomisation économique initiée par la BID n’est pas un concept nouveau et qu’il s’agit d’une initiative pionnière que la banque a prise il y a plus d’une vingtaine d’années dans beaucoup de projets qu’elle a financés, précisant que c’est le meilleur outil pour lutter contre la pauvreté.

Cheikh Aïdara
Sharm El Sheikh


DECLARATION DE LA COORDINATION REGIONALE DES OSC GFF-GUIDIMAKHA SUR L’ENTRAVE DES DROITS FONDAMENTAUX DES ENFANTS AU GUIDIMAKHA : LA MENDICITE DES ENFANTS TALIBES

La Coordination Régionale des OSC-GFF-Guidimakha a été saisie par Zeinabou  Mohamed MAHMOUD, Présidente de l’ONG SAWAB, et membre de la Coordination au sujet de la mendicité des enfants talibés au Guidimakha.

Suite à cette interpellation, la Coordination a conduit des enquêtes au niveau des quartiers de la ville de Sélibaby. Les investigations effectuées dans ces quartiers nous ont permis de collecter un certain nombre d’information :

  1. Identification de centaines d’enfants talibés dans tous les quartiers de Sélibaby ;
  2. La moyenne d’âge de ces enfants varie entre 8 et 14 ans ;
  3. La plupart de ces enfants  sont localisés dans le quartier Collège ; Ils dorment dans la rue
  4. Ces enfants sont déscolarisés ;
  5. Ils sont mal habillés et ne portent pas de chaussures ;
  6. Certains d’entre eux ont des plaies et souffrent des maladies non traitées ;
  7. Ils se nourrissent d’aliments quémandés dans différentes maisons ;
  8. Ils sont sans abri et dorment parfois dans la rue ;
  9. Ils sont obligés de rapporter quotidiennement une somme d’argent fixée par leur maitre coranique.

Par ailleurs, ces enfants mendiants sont par ailleurs exposés à toutes formes d’atteinte à leur intégrité physique et morale et sont en permanence en situation de vulnérabilité.

N’ayant pas les moyens de les nourrir, la pauvreté serait donc la cause première de cette situation. Ceux qui sont censés les protéger et subvenir à leurs besoins les exploitent en réalité, car  l’argent perçu  est donné par ces enfants au maître d’école coranique auquel ils ont été confiés par leur famille.

Cette évolution de la mendicité infantile est donc en relation avec le déclin des conditions de vie socio-économiques des populations. L’enquête conduite montre que ces enfants talibés pour la plupart proviennent des régions pauvres du Sénégal et migrent avec leur maître. Cette situation s’est amplifiée depuis que le Sénégal a banni cette pratique que l’on peut considérer comme une forme contemporaine de traite des enfants. Il est inadmissible que la mendicité soit prohibée au Sénégal et tolérée en Mauritanie.

En effet, l’Article 4 de la Déclaration des Droits de l’Enfant de 1959 stipule que « l’enfant doit bénéficier de la sécurité sociale, il doit pouvoir grandir et se développer d’une façon saine (…). L’enfant a droit à une alimentation, à un logement, à des loisirs et à des soins médicaux adéquats» (Assemblée Générale des Nations Unies). La mendicité met à mal tous ces droits, qui sont indispensables pour le développement physique et mental d’un enfant.

La mendicité est une forme nouvelle d’esclavage humain que la société semble admettre et tolérer au nom d’une religion en principe très protectrice des droits fondamentaux de l’être humain.

La Coordination Régionale des OSC lance un appel vibrant à l’État Mauritanien pour mettre fin à cette situation dramatique qui nuit à son image de marque en rapatriant les maitres et leurs talibés dans leurs pays d’origine et en s’occupant des enfants mauritaniens vivant en situation difficile.

Sélibaby, 29/05/2022


Analyse et suivi budgétaire en matière nutritionnelle, l’ONG AMAMI partage son étude avec la société civile

L’Association Mauritanienne d’Aide aux Malades Indigents (AMAMI) a organisé samedi 28 mai 2022 dans ses locaux à Nouakchott, un atelier de restitution d’une étude qu’elle a réalisée, avec l’appui du Global Fund Financement (GFF), portant sur l’analyse et le suivi budgétaire des dépenses en matière nutritionnelle.

Le président de AMAMI (debout) à l’ouverture de l’atelier – Crédit Aidara

Plusieurs responsables d’associations de la société civile actifs dans le domaine de la nutrition, de la santé et du développement, se sont réunis samedi 28 mai 2022 à Nouakchott, sur invitation de l’ONG AMAMI qui tenait à partager avec eux une étude qu’elle a réalisée sur l’analyse et le suivi budgétaire des dépenses allouées à la nutrition en Mauritanie.

L’étude menée par un bureau de consultants indépendant a porté sur l’état de financement de la nutrition en Mauritanie entre 2019 et 2022. L’étude commence par un rappel des principaux documents stratégiques adoptés, notamment le plan stratégique multisectoriel sur la nutrition qui remplace le Plan d’action intégré de la nutrition qui était en vigueur. L’étude a porté sur les zones prioritaires et les principaux groupes cibles, notamment les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et les femmes en âge de procréer, les adolescentes en particulier.

Vue partielle des participants en présence du vice-président du GFF (extrême droite) – Crédit Aidara

Parmi les documents de référence, le consultant a également cité la Feuille de route 2016-2020 du mouvement SUN, les ODD, les directives de l’assemblée nationale mondiale de la santé de 2012, la Stratégie de croissance accélérée et de prospérité partagée (SCAPP) 2016-2030 et enfin, la Stratégie africaine de la nutrition 2015-2025.

Par la suite, le consultant a présenté le cadre commun des résultats, avec ses six axes stratégiques, ses effets et les institutions de mise en œuvre. Il a fait remarquer que les dépenses liées à la nutrition représentent moins de 1% du PIB, avec des chutes d’année en année, alors que l’Etat mauritanien s’était engagé sur le plan international, à l’instar de tous les pays, à maintenir la nutrition à 5% du PIB. Depuis quelques années, les acteurs déclarent avoir constaté un regain d’intérêt des autorités mauritaniennes par rapport aux questions liées à la nutrition, bien que le niveau des dépenses reste encore timide, selon eux.

De là, le constat tiré par les acteurs sur la nécessité de déployer un plaidoyer fort et renforcé auprès des autorités concernées par la problématique, en particulier le Ministère de la Santé.

C’est dans ce cadre qu’un groupe d’ONGs mené par AMAMI, sous financement du GFF, compte lancer des « Journées Portes Ouvertes » en direction des députés de l’Assemblée Nationale, tout en prenant conscience que le plaidoyer doit débuter dès les prémisses de la préparation du budget, notamment au niveau de la préparation macro.

Le consultant (Abd Dayem) présentant l’étude – Crédit Aidara

Moulaye Mehdi Moulaye Zeine, président de l’ONG AMAMI et de la Plateforme SUN de la société civile a expliqué qu’il y a un fort engagement du gouvernement de la Mauritanie par l’achat des ATP (alimentation thérapeutique). En effet, 95% des ATP sont prise en charge par l’Agence Taazour pour la Solidarité Nationale et la lutte contre l’Exclusion. Cette initiative peut encore être améliorée, selon lui, soulignant que les partenaires y compris GFF sont disponible pour l’accompagnement. Les OSC devraient veiller à ce que les engagements de la Mauritanie soient concrètement mis en pratique .

A l’issue de l’atelier, les participants ont décidé de créer un comité restreint ad-hoc qui se chargera du plaidoyer auprès du Ministère de la Santé et des parties prenantes. Ils se sont réjouis cependant du fait que la Mauritanie va lancer en 2023, un budget programme qui permettra un suivi plus facile des dépenses par rubrique clairement identifiée.

A noter que l’ONG AMAMI a lancé une série de formations sur la nutrition à l’intérieur du pays. Celle-ci se poursuivra au niveau de Nouakchott en direction de la société civile et inclura des séances de sensibilisations auprès des parlementaires.

Avaient assisté à la rencontre sur la restitution de l’étude sur l’état de financement de la nutrition, le vice-président de la coalition GFF Mauritanie et quelques responsables d’ONGs nationales et internationale actifs dans le domaine de la santé, de la nutrition et du développement.

Cheikh Aïdara