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CAN 2022 : Cameroun, la Mauritanie s’incline 0-1 devant la Gambie

Dans une poule où les deux favoris s’appellent Tunisie et Mali, Gambiens et Mauritaniens en véritables outsiders, savaient que s’ils obtenaient une victoire, ce serait au cours de la rencontre qui les opposerait. Le match s’est tenu le mercredi 12 janvier 2022, à Limbé. Au finish, ce sont les Gambiens qui remportent le jackpot en s’imposant 1-0 devant la Mauritanie, pour leur toute première participation.

Pour obtenir cette précieuse victoire, les Gambiens n’avaient pas lésiné sur les moyens. Ils avaient reçu au Cameroun à la dernière minute, un charter rempli de supporters.

Ce que leurs adversaires de la Mauritanie n’ont pu obtenir, le gouvernement mauritanien n’ayant pas pu envoyer le moindre supporter. Bowba, l’unique fan qui est arrivé au poussif au Cameroun, en passant par Dakar, a dû passer par des mécènes mauritaniens installés aux Etats-Unis qui ont décidé de le prendre en charge, avion et séjour compris, alors que ce dernier s’apprêtait à relier Limbé et l’équipe mauritanienne par voie terrestre.

Pire, les Mourabitounes ont été sabordés par l’organisation. D’abord on leur passe l’ancien hymne national, avant de l’interrompre, en découvrant l’erreur. N’ayant pas pu mettre la main sur le nouvel hymne, les organisateurs ont tout simplement zappé l’hymne de la Mauritanie pour passer celui de la Gambie. Ce qui donnait à la Gambie un double avantage : le ralliement de leurs supporters et l’honneur d’avoir entendu leur hymne national.

Tous ces malheureux évènements ont fait que sur le terrain, les Mauritaniens n’avaient pas terminé de cogiter sur la disparition de leur hymne national, qu’ils ont été cueillis à froid, à la 10ème minute, par un but assassin.

Courir derrière un but de retard, sans le 12ème homme dans les tribune, sans son hymne national, c’est difficile, même avec des buteurs maisons comme Aboubakar Kamara ou Ibnou Bâ.

Avec cette défaite à l’entame du tournoi, les Mauritaniens devront peut-être compter sur la crise de nerf des Tunisiens pas encore relevés de leurs déconfitures face aux Maliens, surtout avec cet arbitre qui s’est permis de siffler la fin du match avant le temps réglementaire. Et à deux reprises. A la 85ème puis à la 89ème et 45 secondes. Sans temps supplémentaire.

Avec une telle boule de nerfs et une telle colère indigeste, peut-être que les Tunisiens ne seront pas assez lucides, le jour du match contre la Mauritanie. Ce sera dimanche 16 janvier 2022. A l’horizon, une victoire des Mourabitounes, qui auront certainement enfin retrouvé leur hymne national et leur 12ème homme.

Cheikh Aïdara


Affaire Ehel Bneijara-Oulad Melouk : le ministère de l’Intérieur couve les cendres d’un conflit foncier latent

Quand l’administration joue avec le feu, cela donne des scénarios comme R’KIZ, Dar-el-Barka, NGawlé… Des conflits fonciers savamment entretenus jusqu’à l’explosion sociale et que l’Etat mauritanien cherche toujours à rafistoler gauchement à coups de bévues sécurito-judiciaires. Résultat, le passif des violations des droits humains s’alourdit compromettant les efforts consentis pour redorer le blason du pays. Le conflit qui couve au Hodh Charghi entre la famille Ehel Bneïjara et Oulad Melouk risque d’être salé, en termes de conséquences.

Lettre du président CNDH au ministre
Lettre CNHD

En novembre 2021, le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, Ahmed Salem Bouhoubeiny adressait au ministre de l’Intérieur, Mohamed Salem Merzough, une lettre de transmission d’une plainte (voire fac-similé) déposée, au nom de la famille Ehel Bneijara, par le nommé Cheikh Mohamed Lemine Bneijara. Cette plainte est le dernier acte d’une énième sommation portée à l’attention de l’administration territoriale à propos d’un conflit foncier opposant la famille Bneijara et leurs voisins, Oulad Melouk sur la propriété d’une localité dénommée « Dreissa » dépendant de la Moughataa de Néma.

Cette lettre est depuis plus d’un mois bloquée sur la table du conseiller du ministre chargé des questions juridiques.

Lettre Merzough au Wali
Lettre Merzough

Le 10 décembre 2020, c’est une lettre du ministre de l’Intérieur en personne, adressée au Wali du Hodh Charghi (voire fac-similé), qui connaîtra le même sort. Non-exécution d’une instruction émanant d’un chef hiérarchique. Cette lettre venait pourtant enjoindre au Wali, d’appliquer les termes d’un accord signé depuis l’année 2000 entre les deux parties devant le Cadi de Néma (voir fac-similé)

Ou bien le ministre de l’Intérieur, Mohamed Salem Merzough, joue un double jeu dans ce conflit foncier, objet d’un accord entre les deux parties depuis l’année 2000, ou bien, il n’a aucune autorité sur ses collaborateurs.

L’administration attend-elle que les deux parties en viennent à des batailles rangées avant d’éteindre le feu, ou va-t-elle prévenir un tel clash social en imposant un règlement définitif à ce dossier.

Accord Ehel Bneijara Oulad Melouk
Accord entre les parties

Cette affaire a déjà fait l’objet d’une publication qui avait suscité à l’époque la réaction des autorités administratives locales. Promesse a été faite aux deux parties de régler le dossier sur la base de l’accord conclu en 2000.

Ce qui reste incompréhensible, c’est pourquoi le ministre de l’Intérieur et ses collaborateurs ne veulent pas régler ce conflit foncier qui risque de dégénérer à tout instant ?

Cheikh Aïdara


Reconnaissance du mouvement abolitionniste IRA, « un acte historique dans le combat des droits humains en Mauritanie »

En remettant vendredi 31 décembre 2021 une attestation de déclaration définitive à l’ONG antiesclavagiste mauritanienne, l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), le président Mohamed Cheikh Ghazouani offre à Birame Dah Abeid, président de l’IRA et à ses partisans, le plus beau cadeau de fin d’année. C’est le sentiment que plusieurs cadres du mouvement IRA, étreints par l’émotion suite à la cérémonie de remise du quitus de reconnaissance de leur association, ont exprimé. Pour beaucoup d’entre eux, ‘’ c’est l’acte le plus historique dans le combat des droits humains en Mauritanie « .

Le Commissaire (2ème à partir de gauche) suivi par Birame Dah Abeid
Le Commissaire (2ème à partir de gauche) suivi par Birame Dah Abeid – Crédit Aïdara

Prévue à 12 heures, la cérémonie de remise des récépissés de reconnaissance provisoire à quelques associations de droits humains, en application de la Loi 004-2021 relative aux associations, réseaux et fondations, n’a finalement eu lieu que vers 17 heures. Pendant plus de 5 heures d’horloge, les invités et activistes des droits de l’homme, ont attendu patiemment, vu l’historicité d’un évènement particulier, la reconnaissance officielle du mouvement IRA, le mouvement le plus diabolisé durant la décennie passée. 

C’est le Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, que le destin a choisi pour un acte aussi historique.

 » Cette cérémonie marque le début de la mise en œuvre de la loi sur les associations « 

Le Commissaire
Le Commissaire – Crédit Aïdara

Le Commissaire a exprimé sa satisfaction de présider la cérémonie de remise des récépissés provisoires à un certain nombre d’association, ce qui marque selon lui,  » le lancement des procédures de mise en œuvre de la loi sur les associations que la société civile nationale attend depuis des mois et que beaucoup attendent depuis plus de six décennies « .

Il a rappelé que la nouvelle loi sur les associations, la loi 004-2021, qui remplace la loi de 1964, institue le régime déclaratif, plus conforme avec la norme internationale, que le régime des autorisations qui n’a plus sa place dans un monde démocratique.

D’autres améliorations qu’il serait long d’énumérer ont aussi été apportées selon le commissaire, qui retient le point le plus important, celui contenu dans le discours du président Ghazouani à l’occasion de la fête d’indépendance appelant à rapprocher les services de l’Etat des citoyens.

 » A ce titre, nous avons créé une plateforme numérique en offrant un service à domicile qui permet au citoyen à partir de son smartphone de remplir les éléments de reconnaissance de son organisation et d’obtenir, au bout d’un délai, son récépissé d’organisation  » a-t-il illustré.

L’intérêt accordé par le pouvoir actuel à la société civile, est dû, selon le Commissaire aux Droits de l’Homme, au rôle important qu’elle joue dans le développement économique et social du pays et à sa place de partenaire dans l’élaboration, la conception et la mise en œuvre de tous les projets de l’Etat.

Birame brandissant son récépissé
Birame brandissant son récépissé-Crédit Aïdara

« Je cherchais un ami et je l’ai trouvé en Mohamed Cheikh Ghazouani »

Après avoir reçu son récépissé de reconnaissance des mains du Commissaire aux Droits de l’Homme, le député et président du mouvement IRA, Birame Dah Abeid, est revenu longuement sur le parcours de son association. Des débuts difficiles en 2008, d’un projet de société révolutionnaire bâti sur l’impertinence, avec ses lots d’exactions, de brimades, citant surtout le combat des femmes d’IRA, Birame a déclaré pardonner en son nom et au nom de sa famille proche, toutes les forfaitures commises à leur encontre par les éléments des forces de l’ordre et les magistrats.

Il a surtout salué le combat pacifique d’IRA et son respect des lois et des institutions, rappelant ses sorties sur toutes les tribunes du monde : le Sénat américain, le Parlement européen et les parlements africains. Il a aussi rappelé les prix de reconnaissance internationale qui lui ont été décernés, soulignant qu’il a enfin trouvé un ami, le président Ghazouani.  » C’est un homme de parole et le seul défaut que je lui ai trouvé, est qu’il ne fait jamais quelque chose au moment où on s’y attend « . De ce fait, Birame a demandé aux Mauritaniens de faire preuve de beaucoup de patience avec Ghazouani.

Selon le président d’IRA, l’esclavage n’est pas propre à la Mauritanie. Ce sont les exactions contre les abolitionnistes qui avaient mis le pays sur la sellette internationale, explique-t-il en substance.

IRA s’ouvre de belles perspectives

 » Les organisations internationales des droits de l’homme qui ont toujours attaqué la Mauritanie sur les tribunes internationales et dans la presse étrangère, seront bientôt ici pour s’imprégner davantage du nouveau deal entre les ONG nationales des droits de l’homme et les autorités « , a affirmé Birame Dah Abeid, à la suite du discours qu’il a prononcé à l’occasion de l’octroi du récépissé de son organisation.

Eléments de la "Commission Paix IRA", la garde prétorienne de Birame
Eléments de la « Commission Paix IRA », la garde prétorienne de Birame – Crédit Aïdara

La reconnaissance d’IRA ouvre de belles perspectives à l’organisation, selon ses cadres. « D’abord, c’est un coup dur contre les féodaux et les esclavagistes qui se sont toujours opposés à cette reconnaissance, ce qui permettait à tout moment à leurs relais dans la presse de se délecter chaque fois qu’ils citaient IRA, de l’expression jouissive,  » mouvement non reconnu « .

Cette reconnaissance permettra aussi à IRA de se porter partie civile dans les affaires d’esclavage, d’ouvrir des comptes bancaires et de recevoir des dons et financements extérieurs.   » En tant qu’association nationale à compétence territoriale, nous pouvons enfin mener nos activités en toute indépendance sans besoin de faire recours à une association tierce pour obtenir une autorisation « , déclarent les cadres du mouvement.

Plusieurs autres associations des droits de l’homme ont reçu également leur récépissé de reconnaissance durant la cérémonie, sans toutefois jouir du même aura que celui concédé au mouvement IRA.

Cheikh Aïdara


Cours sur les stéréotypes en milieux mauritaniens, sous l’égide du Commissariat aux Droits de l’Homme

Le Directeur des Droits de l’Homme, M. Sidi Mohamed Ould Limame, a supervisé pendant la soirée du 22 décembre 2021 à Nouakchott, l’ouverture d’un colloque scientifique organisé par le Forum « El-Awasar » sous le titre « Stéréotypes dans les cercles mauritaniens : méthodes et formes de confrontation ».

Dans le discours qu’il a prononcé à l’ouverture du colloque, le Directeur des Droits de l’Homme, Sidi Mohamed Ould Limame, a félicité les organisateurs pour cette initiative, soulignant que le thème choisi s’inscrit dans un contexte temporel important. Selon lui, il coïncide d’une part avec la commémoration de la Journée internationale des droits de l’homme, célébrée cette année sous le slogan « l’égalité » et il épouse d’autre part, le discours de Son Excellence Monsieur le Président de la République à Ouadane, discours qui doit être la Constitution écrite de tout défenseur des droits de l’Homme en Mauritanie, a-t-il souligné, en ce qu’il renferme les fondements et les principes directeurs de l’unité nationale et de la cohésion sociale.

Sidi Mohamed Ould Limame a également expliqué que le Commissariat aux Droits de l’Homme est l’une des premières institutions à consacrer dans ses démarches le principe de la participation et à adopter comme source directrice de ses action le principe de la concertation si chers à Son Excellence le Président de la République qui les a adoptés depuis sa prise de fonction comme leitmotiv.

Le Commissariat aux Droits de l’Homme se distingue ainsi selon lui, par son esprit d’ouverture à tous les partenaires et acteurs de la société civile, quel que soit leur horizon, rappelant la disponibilité toujours affichée par le département face à toutes les initiatives qui œuvrent au raffermissement des liens et au resserrement des rangs.

Le thème du colloque qui a porté sur les luttes de classe, les préjugés de naissance et la stratification de la société mauritanienne en castes, entre maîtres et esclaves, dominants et dominés, féodaux et classes serviles, a été nourri par plusieurs interventions qui ont révélé le caractère subjectif de telles considérations et leurs effets néfastes sur la vie en communautés.

Ont pris part au colloque, le Président de la Commission nationale des droits de l’Homme, la Présidente du Conseil Régional de Nouakchott, des élus, des leaders politiques, des penseurs, faiseurs d’opinion et acteurs de la société civile.


Cheikh Aïdara