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Gestion clinique des viols : les survivants ont besoin d’une bonne qualité de prise en charge médicale

Pendant cinq jours, du 22 au 26 février 2021, une dizaine de prestataires de services de santé du Trarza, du Guidimagha et de Nouakchott, ont suivi une formation sur la prise en charge des survivants de violences sexuelles. Cette session organisée par le Ministère de la Santé, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a été animée par des experts de haut niveau.

Table officielle à l’ouverture de l’atelier – Crédit Aïdara

Après la formation des assistantes sociales des régions sinistrées par les inondations de septembre 2020, notamment le Trarza et le Guidimagha, et la formation sur la prise en charge psychosociale des violences basées sur le genre (VBG) qui s’est déroulée du 15 au 17 février 2021, le Ministère de la Santé a enchaîné sur une troisième formation. Avec l’appui de l’UNFPA, celle-ci a ciblé les prestataires de santé, notamment médecins et sages-femmes des mêmes régions, le Trarza et le Guidimagha, en plus de Nouakchott, sur la gestion clinique des viols. Elle s’est déroulée du 22 au 26 février 2021. Ces deux formations sont un prélude au déploiement des cliniques mobiles dans les régions touchées.

La formation vise à améliorer la qualité de l’offre de services de gestion clinique des cas de viols et autres violences basées sur le genre. Elle a pour objectif de renforcer les capacités des soignants en matière de prévention et de prise en charge des survivant.e.s de violences sexuelles, à travers l’intégration d’autres services, comme l’appui psychosocial, l’appui légal, la réintégration socio-économique des victimes.

Des prestataires mieux outillés

Les aspects les plus importants de la formation sur la gestion clinique des viols ont été développés par deux formateurs. Il s’agit de M. Mathias Gakwerere, expert formateur en santé de reproduction, consultant à l’UNFPA et par Mme Aminetou MBourou Kamara, facilitatrice et sage-femme à la Direction mère et enfant (service de santé de la reproduction, mortalité maternelle, infantile et adolescent (SRMNIA)), du Ministère de la Santé.

Vue partielle des participants – Crédit Aïdara

La formation a porté sur la préparation et l’examen médical des survivant.e.s de violences sexuelles, et la connaissance des outils pour l’anamnèse, c’est-à-dire les antécédents médicaux et l’historique de la victime. Elle a aussi porté sur les directives à suivre pendant l’examen physique et la création du dossier médical. L’accent a surtout été mis sur les consignes pour recueillir les preuves médico-légales lors de l’examen médical et les consignes de rédaction du certificat médical. Les formateurs ont beaucoup insisté sur ces points, avec à l’appui des vidéos de présentation et des discussions engagées au cours de la session.

La gestion du choc et du stress post-traumatique

La préparation psychologique des victimes, en général sous le choc traumatique de l’agression, est jugée cruciale dans la prise en charge. Cette préparation doit permettre de recueillir le consentement écrit de la survivant.e, et l’examen médical doit être minutieux et précis.

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

L’intervention via vidéo du psychologue Brahim Khlil est venue éclaircir des aspects psychiques et neuropsychologiques des survivant.e.s. Ces derniers sont souvent soumis, selon lui, à un stress post-traumatique, qui fait l’objet d’une prise en charge. Il a également évoqué les risques de grossesse et d’infections et maladies sexuellement transmissibles (IST). D’où l’urgence, selon lui, de la prise en charge médicale et préventive des survivant.e.s de viol.

Pour le cas spécifique des enfants, Brahim Khlil souligne, « ce qu’il faut savoir avant de développer le protocole, c’est l’obligation de rapporter les cas d’abus, de détenir un exemplaire du protocole, de connaître les lois spécifiques aux violences sexuelles, ainsi que les aspects liés au corps et à la croissance de l’enfant, mais surtout les techniques d’entretien avec les enfants. » Dans les cas d’abus répétitifs, « il faut identifier l’auteur et voir les autres enfants à risque dans la famille », explique-t-il.

Le dispositif minimum d’urgence (DMU)

Le dispositif minimum d’urgence (DMU) est celui qui s’applique aux victimes de catastrophes ou de drames causés par l’homme ou par la nature, tels que les conflits armés, les catastrophes naturelles. Selon Mathias, les violences basées sur le genre, notamment les violences sexuelles, augmentent considérablement dans de pareilles circonstances.

Exercice pratique sur mannequin – Crédit Aidara

D’où la disponibilité à cet effet de kits selon les niveaux d’intervention. Ainsi, le DMU en situation de crise vise cinq objectifs :

  • la mise en place d’une coordination d’urgence,
  • la prévention des violences basées sur le genre,
  • la réduction des risques de transmission contre les IST/VIH
  • la discussion sur la PPE (prophylaxie postexposition),
  • la prévention contre la mortalité maternelle, néonatale et infantile, la planification de services de santé sexuelle et reproductive (SSR)

Ce qui suppose, selon Mathias, la mise à disposition d’une base de données sur les services de santé disponibles et sur la planification de la SSR.

Il a ensuite développé les types de kits prévus à chaque niveau de la chaîne sanitaire, du poste de santé à l’hôpital régional, en passant par les centres de santé et les hôpitaux départementaux.

SEM. Saidou Kaboré remettant son certificat à une participante – Crédit Aidara

TEMOIGNAGES

Mathias Gakwerere, Expert et formateur en Santé de la Reproduction, Consultant UNFPA

« La formation a porté sur la gestion clinique des viols. Cette formation a abordé le rôle que jouent les services de santé en tant que porte d’entrée pour la prise en charge holistique de survivant.e.s des viols. Cela implique le mécanisme de référencement vers les autres services dont les survivants auront besoin. Par exemple, certains auront besoin d’assistance légale, une assistance psychosociale et/ou un appui économique pour assurer une bonne résilience et une meilleure réintégration dans la société. Tout doit se faire dans le respect du choix des survivants et une bonne collaboration entre tous les intervenants selon les cas. Nous espérons que les prestataires qui ont été formés durant cette session vont servir comme de bons catalyseurs pour l’amélioration de la qualité de prise en charge de viols en Mauritanie ».

Aminetou MBourou Kamara, sage-femme à la Direction Santé Mère et Enfant (Ministère de la Santé), service SRMNIA

« Je suis facilitatrice dans cette formation sur la gestion clinique des viols. Nous avons pu mener cette formation avec un groupe très motivé à acquérir de nouvelles connaissances sur les violences sexuelles. La transmission du savoir, grâce au formateur principal, M. Mathias s’est bien déroulée. J’avoue qu’il s’agit d’une problématique qui mérite d’être combattue. Les viols qui se répandent dans notre pays, n’épargnent personne. De la fillette de 2 ans à la vieille de 70 ans, ces victimes méritent une prise en charge sérieuse. J’invite le ministère de la Santé et ses partenaires à conjuguer leurs efforts afin que ce fléau des viols soit éradiqué. Heureusement, le pays s’est doté d’un protocole national de prise en charge des violences basées sur le genre depuis 2019 et d’un protocole de la loi nationale sur les anti-reproductifs dans laquelle sont condamnés les auteurs de violences faites aux femmes ».

Marième Diop, sage-femme d’Etat, surveillante à la maternité du Centre hospitalier de Rosso (Trarza)

« Il s’agit d’une formation très importante qui va renforcer nos capacités, surtout la prise en charge des survivants des VBG. Nous ne recevons pas beaucoup de cas, parce que nous sommes à l’Hôpital régional de Rosso. C’est la dernière chaîne du processus. Mais nous avons demandé à ce qu’il y ait un protocole standardisé de prise en charge des VBG dans toute la région. C’est notre souhait ».

Seyide Mint El Khalil, sage-femme d’Etat, cellule de prise en charge des VBG, Hôpital Mère et Enfant de Nouakchott

« Cette formation a amélioré mes compétences dans la prise en charge des VBG, surtout les survivants des violences sexuelles. Concrètement, ce que j’ai appris c’est l’accueil, la patience dans la collecte de l’information et toutes les subtilités de l’entretien avec les survivants. Sans précipitation et avec empathie. C’est donc en gros, tous les outils nécessaires pour la mise en confiance des survivants de manière à ce qu’ils soient disposés à donner leur consentement et à raconter avec aisance leur drame ».

Daly Sall, sage-femme d’Etat et point focal SR DRAS de Sélibaby (Guidimagha)

« Cette formation a été vraiment au top. Nous avons acquéri beaucoup de connaissances que moi personnellement je vais mettre en application une fois sur le terrain. Ce que j’ai surtout appris c’est la prise en charge et la prévention des VBG, surtout les cas de viol. En tant qu’employée à la Direction régionale à l’action sanitaire (DRAS) je suis moins en contact avec ces cas de viol. Mais cette formation va me servir dans l’appui aux autres collègues qui sont confrontés souvent à ces cas. Nous disposons de cartes que l’on distribue aux différentes structures. Cela qui nous permet de coordonner avec le personnel de santé et faciliter le référencement des cas de ce genre »

Wade Maïmouna, sage-femme d’Etat, Centre de santé de Ghabou (Guidimagha)

« J’ai acquis beaucoup d’expérience avec cette formation. Maintenant, arrivée au centre de santé où j’exerce, je pourrai prendre en charge les survivants de viols. Nous sommes toujours confrontés à ce genre de situation dans nos pratiques de tous les jours. J’ai appris beaucoup sur la prise en charge des survivants de violences sexuelles, notamment l’écoute et le suivi des cas».

Cheikh Aïdara

REPORTAGE PHOTOS

Photo des participants et du staff du Ministère de la Santé et de ‘l’UNFPA – Crédit Aidara
Dr. Boutou remettant son certificat à une participante – Crédit Aidara


Biram Dah Abeid : « nous sommes en train de normaliser nos relations avec le pouvoir et ses rapports avec toutes les autres communauté »

Cette interview a été accordée par le leader antiesclavagiste et président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), le député Birame Dah Abeid au journal « Le Rénovateur »

Le Rénovateur : Après les élections présidentielles de 2019, votre mouvement continue-t-il sur la même dynamique de contestation et de dénonciation des violations des droits de l’homme en Mauritanie ?

Biram Dah Abeid : Je vous remercie infiniment. En effet , notre mouvement IRA -MAURITANIE est toujours animé des mêmes objectifs et de manière inlassable, objectifs qui sont : la fin du racisme domestique et d’ Etat, la fin de l’esclavage , la rupture avec les violations de droits de l’homme et avec tous les anachronismes, tous les restes de l’arbitraire au sein de l’appareil d’Etat mauritanien. Donc nous restons sur cet objectif, sur ce programme, sur cette ligne. Néanmoins, le pouvoir a changé de fusil d’épaule. Comment le pouvoir a changé de fusil d’épaule ? : Du temps d’Aziz c’était l’attaque frontale, la violente physique morale politique et sociologique contre les défenseurs des droits de l’homme que nous sommes, contre le parti Rag.
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a adopté une nouvelle approche dans ses rapports avec nous. Il dit mettre fin aux campagnes de diabolisation dont son prédécesseur faisait tous azimuts contre IRA et contre le parti Rag. IRA n’est plus traité dans le discours officiel comme ennemi de la République, de l’islam, de la nation, un valet des juifs et des impies, comme 5ème colonne de l’occident. IRA et le parti Rag , leurs dirigeants et leurs militants ne sont plus traités et considérés comme des pyromanes , des racistes, des violents, des criminels, dans le discours officiel . Il l’a été mis fin aux arrestations, aux harcèlements, à la torture des gens de IRA du moins jusqu’à présent, jusqu’à preuve du contraire. Il a été mis fin à la privation de IRA, du parti Rag, et de leurs militants de se réunir , du droit de contact avec leurs partisans à Nouakchott et à l’intérieur du pays. Comme vous le savez, nous étions interdits de déplacement à l’intérieur du pays sous l’ancien régime, sauf pendant les moments d’élections. Maintenant IRA et le parti RAG se réunissent au grand jour , tiennent leurs conférences de presse au grand jour où ils veulent et quand il veulent ; ceci tranche beaucoup avec le temps de l’arbitraire ; Et aussi nous sommes entrés dans une phase de règlement des tares de la gouvernance démocratique et en concertation avec le pouvoir. C’est pourquoi on a discuté avec le pouvoir et on a réussi à obtenir le système déclaratif pour les associations. Désormais il n’y aura plus d’organisations non reconnues dès que cette loi qui a déjà passé par le parlement, entre en vigueur. Avec la même démarche, on va apporter au régime des partis politiques la même dose et le même apport pour normalise la situation de tous les groupes et mouvements politiques et des droits de l’homme. Donc cette phase va inaugurer le règlement et la normalisation de la situation de tous les partis et mouvements qui étaient interdits ou non autorisés ou non reconnus.

Le Rénovateur : Par rapport à ce que vous venez dire au sujet de cette reconnaissance dont vous vous réjouissez, est ce qu’on a espoir que bientôt IRA , Rag et toutes les autres organisations politiques , associations non reconnues pourront l’être très bientôt ?

BDA : Ah oui très bientôt, avec le système déclaratif qui a été voté en faveur des associations, IRA, ne touche pas à ma nationalité et toutes les autres associations des veuves, des rescapés, d’orphelins vont profiter de cette reconnaissance de fait et vivre désormais dans un cadre cadre légal. Et après cette phase, on va attaquer une autre phase de discussions avec le pouvoir sur le règlement de la situation des partis politiques comme le Rag et le FPC et d’autres pour qu’ils trouvent aussi dans cette nouvelle phase de gouvernance plus démocratique, sous ce nouveau régime législatif, une nouvelle vie dans l’apport militant et la compétition politique. Dans ce cadre de normalisation de l’Etat de droit, notre situation qui n’est plus une situation de confrontation physique et juridique avec le pouvoir. Le pouvoir d’avant Ould Ghazouani était dans une logique de confrontation physique et juridique avec nous, maintenant la situation tant vers l’apaisement, la concertation et le respect réciproque. Avant on n’avait pas le droit de se réunir, c’est la répression de toutes les réunions, de toutes les manifestations, la tendance même à éradiquer notre existence physique. Et maintenant ce n’est plus le cas. Notre confrontation avec le pouvoir en place, s’inscrit dans une confrontation d’idées et de programme politique comme en toute démocratie; Mais il faut dire que sur les questions de fond , le pouvoir actuel n’a pas encore bougé sur les questions de l’esclavage , du racisme domestique et d’Etat sur le passif humanitaire , la situation des déportés au Sénégal, au Mali , l’état de la diaspora mauritanienne constituée surtout de negro-mauritaniens qui ont quitté la Mauritanie sous le poids des pesanteurs, contraintes et menaces du racisme d’Etat pendant les années de braise et d’exclusion. Ces situations requièrent l’application des remèdes importants proposés dans notre programme politique, dans notre projet de société pour la Mauritanie de demain.
Donc sur la question de la forme de la démocratie nous sommes en train de normaliser nos relations avec le pouvoir et ses rapports toutes les autres communautés politiques et des droits de l’homme qui étaient en conflit avec le régime précédent et dont les droits d’existence étaient mis en cause , de même que leur sécurité.

LR : Tout récemment certains milieux politiques ont prêté au Président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani une offre de dialogue social au lieu d’un dialogue politique. Si oui, pensez vous que le jeu en vaut la chandelle ?

BDA : Ecoutez, une voix autorisée du pouvoir du président Mohamed Ahmed Cheikh El Ghazouani a récusé ce terme de dialogue social en se défendant que le régime en est l’instigateur de cette formule. Néanmoins le président avait évoqué avec nous un dialogue par thématique, une concertation thématique plutôt. Il récuse le mot dialogue … Pour notre part , on n’y voit pas d’inconvénients dès lors que toutes les thématiques importantes et déterminantes soient inclues telle que la thématique de l’unité nationale, à savoir l’esclavage et ses séquelles, la cohabitation et le passif humanitaire y compris la question des déportations, les disparitions forcées, les expropriations des biens notamment terriens …
On peut néanmoins escompter de manière imminente selon les échanges que j’ai eus avec les hautes autorités politiques du pays qu’il y aura une proposition de dialogue et de concertation par thématique qui inclut non seulement la gouvernance démocratique : c’est a dire le recensement, la liste électorale , le code électoral, le découpage électoral , la commission électorale nationale indépendante etc… Mais aussi une autre thématique qui concerne l’unité nationale, la question des passifs et actifs lourds, constitués des disparations forcées , des déportations , des expropriations des terres, de la problématiques des langues etc, il y aura aussi des thématiques sur l’indépendance de la justice, sur l’environnement, l’écologie , les industries extractives , les richesses du pays , l’extraction et la distribution des richesses . Bientôt de manière très imminente, dis- je, dans moins d’une semaine il y aura le déclenchement d’une proposition en ce sens.

LR : Combien de fois aviez été reçu par le président de la République depuis son arrivée au pouvoir et sur quoi ont porté vos discutions ?

BDA : J’ai été reçu trois fois par le président Mohamed Cheikh Ould Ghazouani. La première fois après son installation, deux ou trois mois après son investiture je me rappelle bien avoir fait une conférence de presse pour rendre compte aux médias. Mais après cette rencontre, (le chat échaudé craint le froid), j’ai cru déceler la continuité de la même gouvernance arbitraire exclusionniste raciste, sectariste anti-droit de « l’hommiste » et anti-démocratique. C’est pourquoi les 17 et 18 février 2020 à Genève lorsque je recevais le prix du courage de la conférence de Genève sur les droits de l’homme et la démocratie, j’ai attaqué de manière acerbe le pouvoir et son développement à mes yeux qui représentaient un redéploiement du racisme d’Etat qui se conjuguent avec l’apartheid. Après cette véhémente sortie qui vient du cœur, sans calcul, le contact a été renoué entre le Président de la République et moi. On s’est beaucoup expliqué et le Président m’a démontré qu’il veut faire des pas en avant concernant la déconstruction de l’arbitraire dans le domaine démocratique. Evidemment, ma principale revendication n’est pas que le président Ghazouani substitue mon projet de société au sien. Loin s’en faut ! Ma revendication majeure est que la compétition démocratique entre nous et eux , entre nous en tant qu’opposition de principe , opposition de programme à ce pouvoir soit garantie pour que nous ayons aussi des partis et des organisations reconnues qui peuvent competir légalement, mais aussi que les institutions d’arbitrage de la démocratie soient revues et refondées comme le recensement des populations, le recensement électoral, le code électoral, la CENI, le conseil constitutionnel le découpage électoral … Si on obtient à refonder tous ces paliers sur lesquels se greffe l’arbitraire démocratique, si on réussit à lessiver tous ces niveaux de la chaine de l’arbitrage démocratique, pour en faire de véritables institutions d’arbitrage, personnellement, je pense que dans une compétition légale et démocratique, nous allons gagné et nous allons prendre le pouvoir de manière démocratique par les urnes. Donc c’est sur ces points que nous nous sommes focalisés dans nos échanges et nos négociations avec le pouvoir au lieu de se focaliser sur les questions des programmes politiques des uns ou des autres. De toutes les façons notre programme et le leur sont opposés et sommes sûrs que le notre aura la victoire si on fait une compétition sur un terrain de neutralité démocratique ouvert. En prenant l’exemple de Mandela qui a exigé du pouvoir de l’Apartheid d’accepter d’introduire un principe majeur :« un homme une voix », l’ANC balaya le pouvoir ségrégationniste sans coup férir.

LR : Tout dernièrement vous avez qualifié de non événement la dissidence d’un groupe au sein de votre mouvement pourquoi une telle qualification ?

BDA : En vérité ça ne constitue pas un événement au sein de IRA parce que vous pouvez bien vous rappeler en tant que journaliste que le premier président du parti Rag a fait défection avec son secrétaire général en 2014. Est- ce que cela a diminué les forces d’IRA dans les compétitions démocratiques qui ont suivi ?
Plusieurs présidents , vice –présidents de IRA, dans l’histoire militante de notre mouvement, ont fait défection et ont apporté de l’eau au moulin de Aziz dans les temps forts de sa compétition avec nous, de son acharnement contre nous. Vous pouvez les compter ils sont plus de 4 ou 5. Est ce que ça a diminué la force de IRA? son rayonnement à l’intérieur et à l’extérieur ? où jusqu’ en 2020 chaque année IRA récolte un ou deux grands prix internationaux! et en 2019 la mouvance IRA/RAG a battu toutes les coalitions des partis dans la consultation électorale présidentielle . Imaginez vous le parti Tawassoul, un parti d’envergure au parlement avec toute son audience nationale et internationale. Vous savez que le candidat du partit RAG et de IRA ont battu à plate couture tous les candidats des différentes coalitions de l’opposition et mis en échec le candidat du pouvoir!!! Des coalitions qui sont soutenues par les plus grands argentiers du pays, par tous les mouvements de gauche, les mouvements identitaires ou de revendications citoyennes comme, Elhor, Flam, Touche-Pas-Ma-Nationnalite, le Manifeste Hratin, les grands partis politiques historiques: Rfd, Ufp, App, Ajd-Mr, toutes ces grandes coalitions ont été dépassées et parfois de très loin par la force charismatique, populaire et organisationnelle de Ira-Rag! Donc il est ridicule que nous nous attardions à répondre à de petites manigances insignifiantes d’un argentier ivre de de soif du pouvoir et de maladresses juvéniles mortelles. Est ce que les tâtonnements amateurs de Bouamatou peuvent constituer un événement plus que les coups fourrés de son cousin Aziz ?quand les départs de IRA se comptent par dizaines, de grands dirigeants ? C’est moins et plus maigre que du déjà vu , c’est un non événement.

LR : Aujourd’hui est-ce vous pensez que la bipolarisation politique, c’est-à-dire le pouvoir contre l’opposition, l’opposition contre le pouvoir, s’est effritée depuis l’arrivée du président Ghazouani ?

BDA : Moi je considère que c’est une veillée d’arme. Je pense qu’il y a partis d’opposition et partis d’opposition donc les oppositions ne sont pas les mêmes; Il y a des partis qui étaient d’opposition mais opposition par rapport à quoi ? Beaucoup de partis d’oppositions ne sont pas des ’oppositions de programme politique. J’avais toujours dit que la majeure parti des formations d’opposition sont des cousins germains du parti au pouvoir parce que leur opposition est une opposition dans le système mais ce n’est pas une opposition contre et en dehors du système. Nous et peut être un autre courant, nous sommes une opposition contre le système et en dehors du système. Mais la majorité des partis d’opposition épousent les mêmes principes, les mêmes dogmes que le système. Par exemple cette opposition qui n’est pas contre l’esclavage, qui ne sent pas qu’il y a du racisme en Mauritanie, une opposition qui s’émeut de l’incinération des livres comme s’en émeut le pouvoir. Une opposition qui considère le discours anti-esclavagiste et le discours anti-raciste comme un appel a la guerre comme un appel au racisme comme de l’extrémisme gratuit. Donc cette dernière opposition qui est cousine germine du pouvoir elle s’est effritée bien sûr parce qu’elle ne dira pas mieux que ce que dira Ould Gazouwani et les gens qui sont avec lui. C’est pourquoi elle n’est plus une opposition. Mais notre opposition à nous et l’opposition de notre courant sont des oppositions de principe, d’idées, de programme, de vision opposés au pouvoir en place. Je considère que nous sommes dans une veillée d’armes, dans une période de concertation et d’accord sur les questions de la démocratie et de la forme de la démocratie. Nous nous concertons avec le pouvoir, sur les outils l’arbitrage démocratique. Mais quand on revient aux questions de fond, il y aura une confrontation politique entre nous et le pouvoir en place, parce que nous sommes pas d’accord sur les questions de fond .

LR : Vous pensez qu’aujourd’hui comme vous venez de le dire le pouvoir ne s’est pas encore réellement attaqué a ces questions de fond l’esclavage, avec tout l’arsenal juridique qui est mis en place , le racisme , les inégalités dans l’emploi , les disparités sociales ….toutes ces questions demeurent entières ?

BDA : Toutes ces questions de fond comme la question de l’esclavage et de ses séquelles, la question du racisme et du passif humanitaire, la question des disparités sociales, la question de l’injustice sociale, la question de l’exclusion économique, l’exclusion de l’emploi. Ces questions restent en l’Etat sauf de légères avancées dans la question de l’emploi des jeunes déshérités qui commencent à bouger. D’ailleurs avec nos incessantes demandes et propositions et nos incessants appels et tentatives d’avancer. Sur ce point, il y a de légères avancée sur la question de l’emploi des jeunes des communautés exclues mais toutes les autres grandes questions restent en l’Etat .Je pense que le pouvoir ne s’est pas encore attaqué à ça et je doute que le pouvoir va exceller dans le règlement de ces questions. Mais le fait d’ouvrir le champ de la compétition démocratique nous permettra de prendre le pouvoir et de les régler.

LR : une certaines opinion dit que ces derniers temps vous n’êtes pas trop loquace vous ne parlez pas beaucoup, vous ne voyagez pas beaucoup, qu’en est-il ?

BDA : C’est vrai que je ne voyage pas beaucoup notamment à cause du covid 19 et la difficulté des déplacements des voyages internationaux, la fermeture des aéroports internationaux. Mais ce qui est en jeu maintenant est une situation qui requiert de l’avancement sur le chantier de la reconstruction de la confiance entre les partis, entre les différents segments politiques du pays qu’ils soient celui du pouvoir ou celui de l’opposition et je pense qu’à notre niveau, nous sommes en perpétuelles échanges et discussions avec les autorités du pays. Donc nous devrions être ici dans le pays pour suivre et pour pousser les choses à l’avant par notre présence, par nos interventions par les discussions que nous animions avec les autres, Euh, je pense aussi que cette période est une période d’expérimentation d’une autre posture qui n’est pas la posture de confrontation systématique avec le pouvoir pendant la décennie passée. IRA et RAG et nous-mêmes, avons excellé dans la confrontation systématique avec le pouvoir jusqu’a ce que les mauvaises langues disaient : « les gens de IRA ne peuvent être utiles que dans le domaine de la confrontation. » Dans le cadre de l’apaisement ils n’ont pas d’idées ils sont limités. Des mauvaises langues, c’est- à- dire toutes ces personnes qui sont en échec toujours dans leur vie et qui sont incapables de créer eux- mêmes autour d’eux une existence politique , une existence publique réelle et qui s’adonnent aux ragots et aux médisances, aux critiques, ils ont déjà avancé a plusieurs reprises cette critique. Et Bien, nous, nous sommes capables de bien vivre et de bien tiré notre épingle du jeu dans toutes les postures que ce soit dans la posture de la confrontation parce que nous somme courageux, nous sommes déterminés et nous sommes animés de l’esprit de sacrifice nécessaire. Nous pouvons aussi tirer notre épingle du jeu dans les situations d’apaisement et de dialogue, parce que nous sommes intelligents parce que nous sommes subtiles, nous avons les idées, l’esprit de création et l’esprit de proposition.

LR : Autrement c’est un changement de stratégie ?

BDA : C’est un changement de stratégie face aux stratégies du pouvoir. Nous ne pouvons pas rester dans le carreau, le pouvoir ne peut pas être subtil et élégant devant une opinion publique nationale et internationale, et nous, nous restons, et nous démontrons notre idiotie et notre manque de créativité ! Il faut à chaque situation, sa réponse qui lui est conforme.

LR : Si vous avez à comparer Ghazouani et Aziz, quels sont les critères sur lesquels vous allez vous fonder pour établir cette comparaison ?

BDA : Je pense que Aziz était un dictateur il ne donne le pouvoir ni a la police ni aux juges ni aux ministres ni aux directeurs des sociétés d’Etat, il intervenait dans tout, décidait de tout à tous les échelons ; je pense que Ghazouani est tout a fait le contraire. Il laisse à tout un chacun dans chaque secteur, qu’il soit ministre ou autre fonctionnaire, il leurs laisse la liberté de gérer, de décider et d’agir. Et c’est la une différence fondamentale. L’autre différence est qu’Aziz utilisait dans sa gestion quotidienne le principe que celui qui n’est pas soumis à moi est contre moi et je suis contre lui ; je vais le charger et l’enfoncer. C’est pourquoi Aziz passait tout son temps à charger tout le monde, à mettre les bâtons dans les roues pour tout le monde. Il se créait des ennemis partout ; il ne peut pas souffrir qu’il a un adversaire et que cet adversaire n’est pas un ennemi. Aziz ne peut pas souffrir ça, il ne peut pas supporter ça. Contrairement à Aziz, Ghazouani pense que ses adversaires ne sont pas ses ennemis. Il pense que ses adversaires politiques n’ont aucun problème personnel contre lui et il n’a aucun problème personnel contre eux, Il n’a pas à se venger d’eux…

Propos recueillis par Hawa Oumar Dém et CTD


CAN U 20 : la Mauritanie éliminée de la compétition par l’Ouganda… la Tunisie et le Ghana

« Trop, c’est trop ! Après nos rêves brisés face à l’Ouganda, pour une place en quart de finale, on comptait beaucoup sur la Tunisie, le Burkina Faso, le Maroc et le Ghana. On a été finalement trahi par le Ghana et la Tunisie. Ces deux équipes favorites se sont laissées battre par la Centrafrique et la Gambie. Rien que pour priver les Mauritaniens d’une joie à prendre part à un quart de finale sur lequel le coach Njoya comptait beaucoup pour fixer ses objectifs et nous faire miroiter une place dans le dernier carré d’As ! ».

Sylli Sangharé l’un des expatriés Mauritaniens qui a brillé

Ces réminiscences du supporters lambda des Mourabitounes expliquent bien l’état d’esprit d’une partie du public. Et pour cause, les juniors mauritaniens se sont fait éliminer dès le premier tour de la CAN U 20, que la Mauritanie organise depuis le 14 février dernier.

En effet, après la défaite contre l’Ouganda (1-2) lors de la 3ème et dernière journée qualificative le 20 février sur la pelouse du stade olympique de Nouakchott, les Mauritaniens avaient pris leur calculette pour jauger les chances des Mourabitounes juniors à une qualification aux quart de finale. Mathématiquement, les Burkinabé allaient battre la Namibie, la Tunisie, prendre le dessus sur la Centrafrique, le Maroc disposer la Tanzanie et le Ghana, étriller les Gambiens. De ce fait, avec 3 points, la Mauritanie était à coup sûr en quart de finale…

Sauf que le football n’est pas une discipline scientifique et que rien n’est gagné avant les 90 minutes d’un match. A ce stade de la compétition, surtout à un doigt de la qualification ou d’une élimination, la motivation de gagner était très forte chez toutes les équipes.

C’est ainsi que Centrafricains et Gambiens sont allés puiser dans leur dernière énergie pour arracher une qualification amplement méritée, déjouant ainsi tous les pronostics. Pour le plus grand dam des Mauritaniens qui ignorent peut-être qu’on « ne joue pas pour le voisin ». Pour les Ghanéens, c’est sûr, ils auraient bien aimé rendre la monnaie de sa pièce aux Mauritaniens, surtout après le sauvetage express d’un de leurs joueurs et la compassion exprimée par les autorités. Hélas, le match n’était pas entre leurs mains.

Moralité de l’histoire, il faut apprendre à pêcher avec sa propre canne. Mieux encore, selon un adage bien de chez nous, « au moment de la bouffe, personne ne prête ses molaires ». Mieux vaut arracher sa victoire avec ses propres moyens que de compter sur les autres pour faire le boulot à ta place.

Bravo en tout cas aux U 20 Mauritaniens qui ont montré de belles choses. Hélas, la chance n’était pas de leur côté. Bon courage pour les qualifiés et que les meilleurs gagnent.

Programme des quarts de finale de la 22ème édition de la CAN U 20 :

Jeudi 25 février au Stade Olympique de Nouakchott :

16 h: Cameroun – Ghana

Stade Cheikha Boidiya

19 h: Burkina Faso – Ouganda

Vendredi 26 février au Stade Municipal de Nouadhibou

16 h : Maroc – Tunisie

Stade Olympique

19 h : Centrafrique – Gambie ;

Cheikh Aïdara


CAN U 20 : la Mauritanie perd sur le fil face à l’Ouganda (1-2) et compte sur une 3ème meilleure place

Le derby de la Poule A, que d’aucuns avaient qualifié de finale pour une place en quart de finale, s’est soldé par la victoire de l’Ouganda face à la Mauritanie (2-1). Cela s’est passé samedi 20 février 2021 sur la pelouse du Stade Olympique de Nouakchott pour le compte de la 3ème et dernière journée de la phase des poules de la Coupe d’Afrique des Nations de Moins de 20 ans (CAN U20). La Mauritanie compte sur l’une des deux places réservées aux deux meilleurs 3ème pour se hisser en quart de finale.

Un derby très relevé

Ce sont pourtant les Juniors Mauritanien qui ont ouvert le score sur pénalty à la 40ème minute, vite transformé par Silly Sangharé, auteur déjà d’un but contre le Mozambique.

Après une première mi-temps dominée par la Mauritanie, les Ougandais reviendront à la 60ème minute au cœur du match, grâce à l’égalisation signée Steven Seerwadda. Les deux équipes se dirigeaient vers le partage des points, n’eût été un pénalty sifflé par l’arbitre à la faveur de l’Ouganda sur une touche de main d’un joueur mauritanien à la suite d’un corner. Le but de la victoire viendra des pieds de Derrick Kakooza qui ne laissa aucune chance au gardien des juniors mauritaniens à la 89ème minute.

La rencontre qui s’est déroulée samedi 20 février 2021 sur la pelouse du Stade Olympique de Nouakchott, était considérée par le public mauritanien, match de la survie. D’où l’énorme déception après la rencontre, certains sont même allés vite en besognes en demandant la tête du staff technique, en l’occurrence le coach Njoya et son adjoint Mody MBodj.

La Mauritanie qui n’a plu son destin en main pour la poursuite de la compétition, devra attendre les rencontres de la Poule B et de la Poule C, programmées dimanche et lundi prochain. Les Mourabitounes comptent ainsi sur l’une des deux meilleures places de 3ème pour accéder aux quart de finale.

Dans l’autre rencontre jouée samedi 20 février à la même heure au Stade Cheikha Boidiya de Nouakchott, le Cameroun déjà qualifié au bout des deux rencontres jouées contre la Mauritanie (1-0) et contre l’Ouganda (1-0), a disposé du Mozambique, sur le score de 4-1. Un match sans enjeu, pour le Cameroun mais qui était pour le Mozambique, déjà éliminé après deux défaites contre l’Ouganda et la Mauritanie (0-2), un match pour l’honneur. C’est paradoxalement, la seule équipe qui a pu marquer un but contre le Cameroun. Une mince satisfaction, mais déjà un exploit.

Alors que la Centrafrique et la Namibie devront jouer leur va-tout dimanche 21 février respectivement contre la Tunisie et le Burkina Faso, à Nouadhibou, Marocains et Ghanéens devront assurer respectivement devant la Tanzanie et la Gambie.

A noter que tous les matchs se joueront à la même heure, à 19 heures.

Cheikh Aïdara