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Les pasteurs nomades, les ultimes gardiens de l’élevage mauritanien menacés de disparition

Ils n’ont pas été recensés depuis 2000 et ne représentent plus que 5,11% de la population mauritanienne selon l’ONS, contre 36% en 1977 et 65% en 1965. Que reste-t-il aujourd’hui de ces nomades pasteurs sur lesquels reposent environ 15% de l’économie mauritanienne ? Alors que les ODD exigent que « personne ne soit laissé derrière », des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, vivent en marge de toutes les politiques de développement, malgré les efforts soutenus menés par l’État et ses partenaires ces dernières années à travers des programmes et des chartes pastorales destinées plus à résorber les crises périodiques entre éleveurs et paysans, qu’à offrir de véritables outils d’intégration à une frange qui ne bénéficie d’aucun service social de base. Reportage.
Dans l’obscurité, à la recherche du petit campement (Crédit Aidara)

Dimanche 15 décembre 2019. Il est 21 heures. Un silence sidéral plane sur les lieux, un no man’s land dénommé Neyan, à cinq kilomètres de la ville de Mbout. Cela fait une dizaine de minutes qu’un ami et moi roulons loin de la route bitumée. La Pickup emprunte difficilement un terrain rocailleux. Ses phares balayent l’obscurité abyssale. Nous sommes à la recherche des Ehel Ahmedna, deux frères nomades, leur famille et leur cousin Mohamed Selman, perdus quelques part dans cette vallée dominée par une touffue végétation de «Sidr», de «Talhaya» et de «Tourja». Seul le téléphone nous relie à Yahya, l’un des frères Ahmedna.

Une vie recluse dans la nature

«Où-es tu ? Est-ce que tu aperçois les phares du véhicule ? Tu les vois ? On pique tout droit ? On ne voit pas la lumière de ta torche !» nous inquiétons nous. Puis la communication s’interrompt. On scrute l’obscurité à la recherche d’une quelconque lumière. Des lueurs à l’horizon nous font perdre notre chemin un instant. Il s’agit des phares d’un véhicule croisant loin sur la Nationale.

Le réseau téléphonique revient. « J’ai perdu vos phares. Vous êtes où ? » nous rappelle Yahya. On rebrousse chemin sur le même terrain rocailleux à pas d’escargot. Quelques mètres plus loin, la sonnerie du téléphone brise le silence. « Là, je vous vois de nouveau. Vous êtes sur le bon chemin, continuez tout droit » nous interpelle de nouveau Yahya au milieu de l’obscurité. Quelques minutes plus tard, une faible lueur scintille derrière quelques arbustes. On s’avance prudemment. Tel un fantôme, Yahya apparaît derrière une touffe d’eucalyptus, les pans du boubou relevés au dessus des épaules découvrant un pantalon qui fut blanc un jour. À sa main, une torche.  

Aux alentours, rien que le bruissement des arbustes et les échos stridents de la brousse. Yahya monte à bord. Nous roulons, soulagés enfin d’avoir atteint notre but. Cinq minutes plus tard, il nous arrête. « Je crois que je me suis perdu », lance-t-il. Tout le monde descend, vite happé par l’obscurité. Yahya tourne en rond comme un sioux, scrutant le moindre repère sous la faible lumière de sa torche. « Je pense que nous avons raté le campement. Grimpons sur cette crête, pour que je m’oriente », indique-t-il. Là aussi, c’est le téléphone qui sauve la mise. Yahya appelle son jeune cousin Mohamed et lui demande de nous orienter avec sa torche. Quelques embardées plus tard, voilà Mohamed debout derrière une clairière. La Pickup ne peut avancer plus loin. Un profond ravin long de plusieurs kilomètres longe la Batha.  En saison hivernale, ses eaux rageuses venues du Tagant se jettent à Foum Gleïta, nous apprend-on.

Une tente bédouine perdue au milieu des branchages

Yahya nous guide sous un énorme arbre dont les branches ovales effleurent presque le sol, formant une sorte d’abris. Un feu crépite. A côté, deux couvertures et deux coussins nous attendent. Seuls meublent le silence, le crépitement du brasier, les bêlements d’un troupeau de petits ruminants gardés dans un enclos formés de branchages et le blatèrement des chameaux invisibles à nos yeux. Mohamed installe sa grosse théière sur un tas de brindilles incandescents, tandis que Yahya tire d’une des caisses que nous avons ramenés, thé, sucre, quelques bouteilles d’eau et deux paquets de biscuits. Il disparait aussitôt, puis revient, les bras lestés d’un vaste ustensile rempli de lait de chamelle mousseux et chaud. Notre seul dîner de la soirée, que seuls agrémentent trois verres de thé suave et quelques questions broussardes plus pour meubler le silence que pour s’informer réellement.

Le réveil au petit matin à côté de Yahya

Au petit matin, le décor apparaît dans toute sa splendeur. Nous apercevons enfin les deux tentes situées à l’autre côté de la Batha. Elles abritent les familles de Mohamed et Abdallahi, le cousin et le frère de Yahya. Ce dernier vit seul. Ses filles sont parties à Kamour, dans l’Assaba, avec leur mère pour suivre leur scolarité. Elles ne reviendront que durant les grandes vacances hivernales. Quand à Mohamed et Abdallahi, leurs épouses sont dans le campement en leur compagnie avec leurs enfants, des petits dont l’âge varie entre un et seize ans. Les plus grands n’ont jamais fais l’école.

Les oubliés de la République

Les frères Ahmedna et leur cousin Mohamed, à l’image de plusieurs milliers d’autres transhumants, évoluent la plupart du temps hors des agglomérations urbaines. Ils mènent leur vie derrière les troupeaux qu’ils suivent selon les saisons et les pâturages, menant une des plus rudes existences, faites de privation et de durs labeurs. Ils participent pourtant largement à l’économie nationale, l’élevage représentant environ 15% du PIB de la Mauritanie selon le Ministère du Développement Rural.

Vue partielle du troupeau de chameaux des Ehel Ahmedna à l’aube

Beaucoup de familles (62% selon la Banque Mondiale), surtout dans les périphéries des grandes villes, tirent leur subsistance de la survie de ces troupeaux. Celle de Yahya à Kamour dépend exclusivement des revenus qu’il leur envoie. «Je leur envoie leur ration mensuelle, en vendant une chèvre par-ci, un mouton par-là, et parfois un chameau. Même les fournitures scolaires des enfants, leurs habits et leur soin» témoigne-t-il.

En plus de leur contribution à l’économie nationale par la préservation et le développement du cheptel national, les transhumants participent aussi à l’économie des ménages et à la conservation du patrimoine culturel du pays. La disparition de ce mode de vie aurait ainsi de graves conséquences économiques, culturelles et sociales.

La famille de Mohamed au petit matin, des enfants sans scolarité (Crédit Aidara)

Pourtant, cette frange de la population est oubliée dans toutes les politiques. Elle ne bénéficie d’aucun programme de développement et n’a aucun accès aux services sociaux de base, tels que la santé, notamment la santé reproductive, l’éducation, la protection sociale, les activités génératrices de revenus (AGR) et les transferts monétaires au profit des femmes nomades.

Déconnectées par rapport aux programmes de développement, les populations nomades sont exposées à divers dangers, notamment l’abandon de leur forme économique d’existence. Leur jeunesse est à la merci de l’extrémisme violent et de ses conséquences.

La déferlante vers le Guidimagha, le revers de la médaille

Véritable zone de stationnement des transhumants et de leur bétail pendant plusieurs mois, la région du Guidimagha fait les frais d’un développement économique régional non équilibré. Résultats, le cheptel venu du Nord et du Nord Est déferle vers cette région connue traditionnellement comme à dominante paysanne avec un petit élevage domestique. Si par le passé, les transhumants des autres régions ne faisaient que des stationnements saisonniers, ils ont tendance ces dernières années à se fixer, compromettant l’agriculture locale et l’environnement ainsi que ses cohortes de conflits.

A peine les récoltes achevées, les champs sont abandonnés aux éleveurs et à leurs troupeaux (Crédit Aidara)

D’où les nombreuses tentatives menées dans ce cadre pour pacifier les relations entre éleveurs et paysans, notamment le projet « Gestion des ressources naturelles du Guidimagha » de la coopération allemande GIZ entre 2000 et 2003, et aujourd’hui, le Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS) financé par la Banque Mondiale et qui couvre six pays dont la Mauritanie. En appui à l’Etat mauritanien, le programme PRAPS 2013-2021 couvre les principaux axes de transhumance dans dix Wilayas du pays.

La composante «Gestion des crises pastorales » de ce programme vise entre autres, à aider les éleveurs vulnérables et leurs familles à diversifier leurs revenus à travers des AGR et la formation aux métiers.

Il s’agit pour le moment de la seule réponse apportée aux préoccupations soulevées par les pasteurs, avec cependant une faible incidence sur les transhumants, dont la situation devrait interpeller les décideurs et leurs partenaires au développement. Les transhumants forment aujourd’hui une minorité laissée en rade par l’Agenda mondial.

Cheikh Aïdara, Mbout
Groupement des Journalistes Mauritaniens pour le Développement (GJMD)


Lutte contre la bilharziose, une campagne est lancée dans quatre régions de la Mauritanie

La campagne de distributions de médicaments contre la bilharziose a été lancée lundi 16 décembre 2019 et devra se poursuivre jusqu’au 23 décembre prochain dans quatre régions de la Mauritanie, Guidimagha, Gorgol, Brakna et Trarza. Financé par la Banque Mondiale et mis en œuvre par l’Organisation de Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), ce projet est exécuté par le consortium S3A qui regroupe quatre ONG nationales ayant une longue expérience dans le domaine.

La ville de Sélibaby a abrité lundi 16 décembre 2019 la campagne de distribution de médicaments contre la bilharziose dans le Bassin du Fleuve Sénégal. Cette campagne fait partie d’un vaste projet comprenant également la distribution de moustiquaires et une campagne IEC contre les maladies hydriques, financé par la Banque Mondiale, mis en œuvre par l’OMVS et exécuté par le consortium S3A qui regroupe quatre ONG nationales, l’association pour la Solidarité et le Développement Durable (SDD), l’Association pour le Développement Intégré du Guidimagha (ADIG), l’Association Nationale pour la Formation et l’Assistance Sociale et Sanitaire (ANFASS) et l’Association Jeunesse Action Développement (AJAD).

Le groupement S3A est partenaire du Ministère de la Santé et travaille dans la mise en œuvre de plusieurs activités au profil des populations dans le domaine de la lutte contre le paludisme, le ver de Guinée, mais aussi dans les activités d’Information-éducation-communication en milieu communautaire, entre autres. Ses membres ont déjà à leur actif plusieurs années d’expériences dans ce genre de projets avec plusieurs partenaires, notamment la Banque Mondiale, l’Union Européenne, ou encore le Fonds Mondial. Il est actuellement l’un des partenaires les plus structurés et  spécialisés dans la lutte contre les maladies hydriques (paludisme, bilharziose, ver de Guinée….).

3 doses de 25 mg par kg de poids corporel réparties sur 24 heures. 3 x 25 mg/jour par kg de poids corporel pendant 2 jours. (Crédit Aidara)

La cérémonie de lancement de la campagne de distributions de médicaments contre la bilharziose, à laquelle ont assisté les autorités administratives de la Wilaya du Guidimagha, le corps enseignant et le personnel de santé, s’est traduite par la distribution de plusieurs dizaines de milliers de médicaments aux élèves dans les trois départements de la Wilaya, Sélibaby, Ould Yengé et Ghabou. Le médicament le plus utilisé pour la prévention contre la bilharziose est le praziquantel.

Les villes de Kaédi au Gorgol, d’Aleg au Brakna et Rosso au Trarza ont également lancé le même jour la campagne avant de procéder à la distribution du médicament dans les établissements scolaires relevant de leurs différents départements. Des dizaines de milliers d’élèves ont bénéficié de cette lutte préventive contre la bilharziose ou schistosomiase, cette maladie parasitaire responsable chaque année de la mort de 280.000 personnes. Les organisateurs ont mobilisé des dizaines de volontaires et d’importants moyens matériels pour acheminer les médicaments et procéder à l’administration du praziquantel aux établissements scolaires situés dans les quatre régions cibles.

Un écolier prend sa première dose de praziquantel (Crédit Aidara)

Selon Hamada Ould Bneïjara, président de l’ONG ADIG, «cette campagne intervient dans un contexte où le secteur de la santé en Mauritanie est en pleine réforme et vise à rehausser la qualité de ses services au profit des populations, ce qui suscite un grand espoir. L’OMVS à travers ce projet contribue aujourd’hui à cette réforme en ciblant une frange importante de la population, les enfants de 5 à 14 ans vivant dans des zones où sévit la bilharziose et le paludisme. Ce que nous venons de lancer, c’est juste une composante d’un programme plus vaste qui comprend une large campagne d’informations et de communication pour le changement de comportement ainsi que la distribution à grande échelle de moustiquaires au niveau des quatre régions que sont le Guidimagha, le Gorgol, le Brakna et le Trarza».

D’après une étude récente publiée sur le site cairn.info, «les bilharzioses demeurent toujours un problème de santé publique dans le bassin du fleuve Sénégal, malgré plusieurs traitements de masse au praziquantel 600 mg». Il apparaît qu’à la forme urinaire endémique dans toutes les zones écologiques, le passage à la forme intestinale a été confirmé au niveau de la Vallée du fleuve. D’où la recommandation d’administrer fréquemment les médicaments et de prendre en compte les pratiques sociales ainsi que les réalités sociologiques pour éradiquer la bilharziose du bassin du fleuve Sénégal.

Cheikh Aïdara
Groupe des Journalistes Mauritaniens pour le Développement (GJMD)


Tekavoul, un programme qui change la vie de plus d’un millier de femmes à Sélibaby

«Haye  Askari» et «Tadreïssa», deux bidonvilles, l’un à la sortie sud de Sélibaby et l’autre à la limite orientale de la ville. Une trentaine de femmes, la plupart cheffe de famille résidant dans ces deux quartiers déshérités de la capitale du Guidimagha, a bénéficié depuis plus d’une année des activités du programme national des transferts sociaux dit «Tekavoul». Promotion sociale, cash transfert, mesures d’accompagnement productives… Ce paquet de produits est aujourd’hui la pierre angulaire de la nouvelle Délégation générale TAAZOUR à la Solidarité Nationale et la lutte contre  l’exclusion qui remplace l’Agence Tadamoun. Financé par la Banque Mondiale et lancé depuis 2018, il  cible dans sa phase pilote deux départements de la Mauritanie, Sélibaby, au Guidimagha, et Barkéol, dans l’Assaba. Ainsi, les mesures d’accompagnement productives (MAP) ont pour objectifs l’augmentation de la productivité et des revenus des bénéficiaires des filets sociaux.

Quelques 1081 femmes bénéficient à Sélibaby des mesures d’accompagnement productives à travers des associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) mises en place et encadrées par le programme Tekavoul et l’ONG ADIG (Association pour le développement intégré au Guidimagha). Les membres de ces associations ont reçu chacun une subvention de 9.000 MRU et ont suivi ensemble une formation en compétences de vie, approche GERME (Gérer mieux son entreprise), à travers des films et documentaires plus explicites, pour des femmes en général analphabètes.

A travers les caisses d’épargne et de crédit, dans un pays à faible taux de bancarisation et à accès difficile au financement, les femmes de Sélibaby, regroupées au sein de 37 espaces de promotion sociale (EPS) ont désormais plus de possibilité pour fructifier leurs activités.

Rabia Mint Bah Ould Sid’Ahmed, présidente AVEC «Haye Askari»

«Notre association regroupe 27 femmes qui ont toutes reçu une subvention de 9.000 MRU qu’elles ont investi dans leurs activités. Certaines sont dans le commerce de détail, d’autres dans la vente de bétail, de couscous, l’artisanat, la fabrication de savon traditionnel, la couture et la teinture, la vente de légumes, le maraîchage. Elles en ont tiré d’importants bénéfices. Il faut dire que le projet Tekavoul a eu un impact considérable dans nos vies. Personnellement, j’ai commencé à acheter deux moutons pour l’élevage et des marchandises pour le commerce. Au fur et à mesure, j’ai multiplié mon capital que je garde soigneusement et c’est avec les bénéfices que je travaille actuellement. C’est le cas pour tous les autres membres. Nous avons ainsi, grâce aux cotisations hebdomadaire (chaque dimanche), pu mobiliser plus de 50.000 MRU. Les membres peuvent ainsi emprunter et rembourser. Les prêts vont de 1.000 à 3.000 MRU, selon les besoins exprimés par les bénéficiaires. Nous avons une autre caisse pour les cas d’urgence (maladie, décès, etc.) Actuellement, nous avons 24.500 MRU en caisse. Chaque femme dispose d’un carnet personnel où sont inscrits ses cotisations, ses prêts, ses remboursements et nous avons des cahiers détenus par la trésorière de l’association où elle consigne toutes les opération d’encaissement et de décaissement».

Voghoum Mint Soueidat, trésorière AVEC «Haye Askari»

«Avant le projet Tekavoul je ne faisais rien. Puis, quand j’ai reçu la subvention, je me suis lancée dans le commerce de charbon et du couscous. Avec les revenus que je tire de mes activités, mes enfants n’ont plus de problème d’études, surtout mes filles dont l’éducation est une priorité pour moi. J’ai aussi remarqué un changement de comportement de mon mari, qui est devenu plus attentionné. Il m’aide beaucoup dans mes activités. J’ai bénéficié aussi d’un renforcement de compétences, surtout en matière de gestion».

Aminata Diawo, fabrication de savon traditionnel

«Grâce à la subvention de Tekavoul, je fabrique le savon traditionnel et développe un commerce de bijoux et de produits cosmétiques, plus la vente d’arachides. Avant, je vendais des légumes. Le programme Tekavoul a eu un impact important dans ma vie et j’ai surtout acquis des compétences pour gérer mes activités. Avec mes revenus, je suis entrain de construire une maison en dur, alors que notre famille vient de perdre notre maison en banco, emportée par les dernières inondations. Le programme est surtout important pour les femmes, car à Sélibaby, elles sont confrontées au divorce et ses conséquences, ce sont elles en général qui se retrouvent seules face à l’éducation des enfants. Mais parce qu’elles sont devenus productives, les hommes ne divorcent plus (Rires de l’assemblée). Ce que la femme gagne, c’est pour la famille, alors que ce que l’homme gagne, seule une partie va à la famille».

Vatimetou Mint Abdel Wehab, artisanat

«Avant le projet Tekavoul, je venais de faire faillite d’un commerce de voiles que je menais. Avec la subvention et la formation que j’ai reçue, j’ai repris mes activités avec plus de rigueur dans la gestion. Je fabrique des coussins, des bijoux, des tapis traditionnels. Ma vie a complètement changé et j’ai surtout retrouvé le sentiment de groupe, avec ces femmes venues de divers horizons et de diverses cultures. Le jour le plus agréable de la semaine pour moi, c’est le dimanche où nous nous retrouvons pour les cotisations mais aussi pour les échanges et les discussions».

Taleb Abidine, venue suppléer sa femme malade

«Je suis venu  pour suppléer mon épouse malade, Hamza Mint Breïka. Ma présence prouve l’impact combien important du projet Tekavoul dans notre vie. Moi je suis courtier au marché aux bétails et ma femme, grâce à ce projet, a développé un commerce de détails qui contribue largement au budget familial. Ainsi, nous pouvons aujourd’hui subvenir à nos besoins et permettre à nos enfants de poursuivre tranquillement leur scolarité. En réalité, ma femme m’aide beaucoup».

Vatimetou Mint Mohamed, présidente AVEC «Tadreïssa»

«Nous sommes 13 femmes membres de l’association AVEC du quartier Tadreïssa à Sélibaby. Certaines font le commerce de légumes et la vente de couscous, d’autres la vente de bétail, l’artisanat, le commerce divers, etc. Je salue ici l’intervention du programme Tekavoul et l’appui constant de l’ONG ADIG qui nous ont encadrés et formés dans la sensibilisation communautaire, la gestion et dans les compétences de vie, notamment l’initiative personnelle et l’estime de soi. Chacune des femmes membres de l’association a reçu une subvention de 9.000 MRU qui leur a permis de développer leurs activités et de participer à la vie familiale et communautaire. Notre ambition est de créer une boutique pour regrouper nos activités et tirer davantage de revenus. Aujourd’hui, nous sommes capables de voler de nos propres ailes. Nous avons pu mobiliser depuis notre création en 2018 la somme de 31.500 MRU que nous avons mis à la disposition des membres qui peuvent ainsi prendre crédit et rembourser, ce qui ne leur était pas possible auparavant auprès des institutions de financement. En terme d’impact, il est indéniable que le programme Tekavoul a eu une grande influence dans notre vie, celle de nos enfants et de nos familles».

Kounathi Mint Saleck, AVEC «Tadreïssa»

«Avec la subvention de Tekavoul, j’ai d’abord acheté deux chèvres dont l’une vient de mettre bas. Mon ambition est de créer un troupeau d’ici quelques années. J’ai aussi développé un commerce de vente de couscous en plus de la couture et de la teinture de voiles que je vends au marché. Je remercie Tekavoul et ADIG qui ont transformé ma vie et celle de ma famille»

Souadou Mint Inalla, Tadreïssa

«Avant Tekavoul, je vendais du couscous, mais avec la subvention que j’ai reçue, j’ai acheté quatre chèvres, et j’ai multiplié mes activités de vente de couscous tout en m’aventurant dans le commerce de légumes. Les bénéfices que je tire aujourd’hui de mes activités sont sans commune mesure avec ce que je gagnais auparavant. Je vis avec ma mère et mes frères, que j’aide sur tous les plans grâce à mes revenus».

Cheikh Aïdara, Sélibaby
Groupe des Journalistes Mauritaniens pour le Développement (GJMD)

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Dr. Natalia Kanem à Nouadhibou pour la clôture de l’atelier sur le mentorat clinique des sages-femmes

Le Mentorat clinique des sages-femmes en Afrique de l’Ouest et du Centre, confié à l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de la Santé (EN3S) de Nouakchott, revêt une importance particulière pour le programme «Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD)», pour  l’Etat mauritanien, et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). En témoigne, la présence de la Directrice Exécutive, Dr. Natalia Kanem, à la clôture le 22 novembre 2019 à Nouadhibou de l’atelier sur l’élaboration du plan d’action et de la note stratégique de ce projet qui devra former 300 maîtres mentors d’ici 2023.

Les travaux de l’atelier sur le plan d’action et la note stratégique sur le mentorat clinique des sages-femmes en Afrique de l’Ouest et du Centre ont été couronnés, le 22 novembre 2019, par la présence du Dr. Natalia Kanem, Directrice Exécutive de l’UNFPA et du Chargé de mission au ministère de la Santé, Pr. Cheikh Baye MKhaitrat, accompagnés par le Directeur régional du Bureau de l’UNFPA,  pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO), M. Mabingué Ngom et le Représentant Résident en Mauritanie, Saidou Kaboré.

La Mauritanie et l’UNFPA consolident leur partenariat

La cérémonie de clôture de l’atelier sur le mentorat à Nouadhibou a été marquée par le mot prononcé par la Directrice Exécutive de l’UNFPA. Elle s’est félicitée de cette rencontre qui va contribuer, selon elle, à l’atteinte des trois résultats transformateurs, à savoir «Zéro décès maternel évitable, Zéro besoin non satisfait en matière de planification familiale, et Zéro violence basée sur le genre». En cela, elle a remercié les autorités mauritaniennes, renouvelant la disponibilité de son organisation à les accompagner dans la réussite du projet pour la formation d’ici 2023 des mentors pour la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre, en commençant par les pays du SWEDD, ce programme régional dont l’une des missions essentielles, selon elle, est le renforcement de capacités du personnel de santé pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle et néonatale.

«J’ai tenu à être présente à la clôture de cet important atelier pour témoigner de mon intérêt pour tout ce qui touche au renforcement de la qualité des soins, à travers la formation d’une ressource humaine qualifiée et compétente» a tenu à souligner Dr. Natalia Kanem. Pour cela, elle a déclaré que l’UNFPA accompagnera la Mauritanie dans l’effort de mobilisation des ressources pour la réussite du projet sur le mentorat, saluant au passage la prestation remarquable de la délégation mauritanienne, conduite par la Ministre des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille, Dr. Néné Oumou Deffa Kane, lors de la CIPD 25 à Nairobi.

Clôturant les travaux, le Chargé de mission du Ministère de la Santé, Pr. Cheikh Baye MKhaitrat, s’exprimant au nom du Ministre Dr. Mohamed Nedhirou Hamed, a souligné que la visite du Dr. Natalia Kanem témoigne de l’excellent partenariat qui lie la Mauritanie et l’UNFPA, «un partenariat ancien, multiforme et efficace» a-t-il précisé, avant d’exprimer la gratitude et les remerciements de l’Etat mauritanien, en particulier le ministère de la Santé pour la visite de la Directrice Exécutive de l’UNFPA.

300 maîtres mentors d’ici 2023

Avant la cérémonie de clôture de l’atelier de Nouadhibou sur le mentorat, les participants ont suivi un rapport synthétique du plan d’action et de la note stratégique sur lesquels une vingtaine d’experts du ministère de la Santé et des sociétés savantes avaient planché pendant cinq jours, sous la supervision de deux consultants. Dans son exposé succinct, Dr. Sostène Dougrou, expert en politique et programme de santé au Bureau régional UNFPA, a dégagé trois axes qui font l’économie du rapport général et de la note stratégique. Il s’agit du cadre institutionnel, du volet infrastructures et équipements, du volet pédagogie et social, et enfin, du volet suivi-évaluation du projet.

En gros, l’EN3S de Nouakchott fera l’objet de travaux de réhabilitation, notamment les salles de cours et le site d’hébergement des élèves mentors et de leurs professeurs, la mise en place de deux plateformes numériques, le recrutement de 60 membres du collège des experts et de 24 encadreurs de stage sur les deux sites retenus, l’hôpital Cheikh Zayed et le Centre de santé de Sebkha.

D’ici 2023, l’EN3S de Nouakchott devra former 300 maîtres mentors.

A noter que Dr. Natalia Kanem a été reçu par le Wali de Dakhlet-Nouadhibou, Mohamed Ould Ahmed Salem Ould Mohamed Rare. Auparavant, le maire de la commune de Nouadhibou, El Ghassem Ould Bellali lui avait rendu une visite de courtoisie.

TEMOIGNAGES

Baye El Hadj Amar, Unité de gestion du projet SWEDD

«L’élaboration du plan d’action 2020-2023 pour la mise en place du mentorat clinique des sages-femmes est une bonne initiative et le fait d’avoir prolongé le mandat des deux consultants de dix jours permettra de bien ficeler un budget conséquent et réfléchi, ainsi que la bonne formulation de la note d’orientation stratégique. Seulement, je reste perplexe pour savoir est-ce qu’il faut d’abord,  garantir les fonds financiers pour la mise en place du projet, ou s’il faut au contraire mettre d’abord en place les outils et documents de base pour mobiliser les fonds. Ce qui est sûr, c’est que la mobilisation des ressources financières est un préalable pour assurer un démarrage du projet dans les délais impartis».

Pr. Bal Sall Aïssata, Vice-présidente Fédération Africaine des Gynécologues Obstétriciens (FAGO)

«Les experts qui se sont penchés sur le plan d’action du mentorat clinique des sages-femmes ont cité les points forts et les points faibles du projet pour parvenir à une planification adaptée au contexte mauritanien et au contexte similaire des pays du SWEDD pour lesquels ce projet va être mis en place. Cette planification entre dans le domaine de la faisabilité sur le plan opérationnel, car la plupart de ses axes ont tenu compte de la réalité du terrain et des possibilités de financement».

Marième Bassoum, Sage-femme conseillère UNFPA Mauritanie

«Deux documents ont été produits lors de l’atelier sur le mentorat clinique des sages-femmes, un plan d’action et une note d’orientation stratégique. Les objectifs ont été ciblés, les activités et les responsables identifiées. Aucune difficulté pour élaborer les documents et mener à termes notre mission, car des techniciens ont été réunis sous la supervision de deux consultants. Un document sur le renforcement de capacités du personnel de l’EN3S de Nouakchott a servi de base. Pour le financement, la plus grande partie viendra du SWEDD, en plus des ressources de l’UNFPA. L’Etat mauritanien est également très engagé, en témoigne la présence du ministre de la Santé lors de l’atelier régional sur le mentorat en octobre dernier à Nouakchott».

Mohamed Armiyou, EN3S de Nouakchott

«Je pense que le plan d’action sur le mentorat qui vient d’être élaboré est très ambitieux s’il bénéficie d’une bonne mise en œuvre, et dans ce cas, il sera d’un très grand apport dans la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale qui constitue le principal défi pour notre système de santé et celui de la sous-région. Mais la mise en place de ce projet requiert d’importants efforts et d’importantes ressources, ce qui nécessite l’apport de toutes les parties prenantes, en particulier celui des partenaires. Si l’on parvient à réaliser les objectifs tracés dans le plan d’action, je ne doute nullement de la pleine réussite de ce projet dont les retombées sur la santé de la mère et du nouveau-né seront insoupçonnables».

Cheikh Aïdara