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Pacte RFD-UFP-INSAF, prolonger le mandat de Ghazouani jusqu’en 2033

Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et l’Union des Forces du Progrès (UFP) ont signé avec le parti au pouvoir INSAF, un pacte qui aurait été validé par le président Ghazouani. Il prévoit dans ces grandes lignes un septennat à partir de 2026, selon des échos parvenus à Birame Dah Abeid, député et président du mouvement IRA qui a bien voulu nous accorder cette interview autour de cet accord. 

Dans l’entretien qui suit, le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid, député et deux fois dauphin aux présidentielles de 2014 et 2019, revient sur l’accord signé entre le parti au pouvoir, INSAF, et deux parmi les partis d’opposition les plus emblématiques du pays, le RFD et l’UFP.

L’Authentique : quels sont les principaux points que vous avez relevés dans le pacte signé entre le RFD, l’UFP et INSAF ?

Birame Dah Abeid : les principaux points que j’ai relevés dans ce pacte validé par le Président Mohamed Cheikh Ghazouani, signé entre le RFD, l’UFP et le parti INSAF, c’est qu’il n’y a rien de nouveau par rapport à la rhétorique des partis convenants, qui représentent en réalité les milieux proches du pouvoir et dont l’objectif est le maintien de ce dernier. C’est presque une rhétorique de laudateurs qui magnifient ce qui n’existe pas et qui s’en prennent à des boucs émissaires, des forces intérieures qui sont taxés d’ennemis de la paix. Il s’agit d’une vieille rengaine aussi vieille que cette démarche initiée par ces laudateurs, qui pour les besoins du moment, se sont transformés en chasseurs de primes. Déjà, un haut cadre du RFD vient d’être nommé dans un poste de sinécure et un autre, cadre à l’UFP, empêtré dans une sordide affaire vient de voir son calvaire terminé.

C’est étonnant que cette plateforme puisse déclarer que le président Ghazouani a satisfait toutes les doléances de l’opposition. Parce que je n’en connais pas une. Au contraire, il a fait des promesses alléchantes qui ont envoûté le peuple mauritanien, mais il s’est avéré que c’est quelqu’un qui ne tient pas sa parole.

D’autre part, j’ai pu lire dans ce document qu’il y a des forces intérieures qui menacent la stabilité et que l’opposition « clairvoyante » doit s’arrimer au pouvoir pour défendre la paix civile et l’unité nationale. Je me demande qu’elle est cette « opposition clairvoyante » et qui décide de la clairvoyance ou non de telle ou telle opposition.

L’Authentique : est-ce que ces accords engagent l’opposition ?

Birame Dah Abeid : non pas du tout. C’est une charte qui engage l’opposition chauvine, l’opposition dans le système, pour être plus précis, l’opposition beidane chauvine qui est à l’image du ministre de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Mohamed Lemine dit Ould Lehweirzi qui avait déjà dit que l’opposition naturelle doit être celle du RFD et de l’UFP, une opposition maure bon teint et bien née. Selon lui, la plèbe constituée des Harratines et des Négros mauritaniens ne mériterait pas d’y figurer.

L’Authentique : aujourd’hui, l’UFP et le RFD, eu égard à leur représentativité politique, peuvent-ils négocier au nom de toute l’opposition ?

Birame Dah Abeid : c’est en réalité paradoxal puisque le RFD et l’UFP dans leur coalition présidentielle de 2019 n’ont obtenu que 2% des voix. Ils sont à la queue, totalement laminés. Lors des élections locales de mai 2023, municipalités, régionales et législatives, ces deux partis n’ont également rien récolté et ils ont été complètement effacés du parlement, des mairies et des conseils régionaux. Il est ainsi étonnant que le pouvoir puisse s’appuyer sur une opposition en désuétude. C’est une manœuvre des milieux chauvins qui cherchent à contrer l’opposition antisystème, droits de l’hommiste, populaire et sociale qui est matérialisée par le RAG/IRA, le FPC, la CVE, le FRUD, etc. Mais aussi par autant de mouvements formés par de jeunes maures qui s’activent sur la scène politique et s’opposent à la gouvernance actuelle.

J’ai vu aussi entre les lignes dans cette charte raciste et exclusiviste, que l’objet réel de la charte reste encore caché, qu’elle relève du domaine du non-dit et du secret. On m’aurait dit que le pouvoir veut procéder à un saupoudrage et passer un vernis sur la constitution, en connivence avec le RFD et l’UFP. L’idée est de rajeunir le pouvoir pour qu’il reprenne une nouvelle virginité, afin que le parti INSAF dans son dialogue avec ces deux partis, puisse repousser les prochaines élections présidentielles de 2024, pour 2026, qu’il puisse reprendre les élections générales locales afin de permettre à l’UFP et au RFD de revenir au parlement ainsi que dans les conseils municipaux et régionaux.

Ainsi, dans ce plan, la Constitution sera tripatouillée avec un nouveau mandat de 7 ans qui permettra à Ghazouani de faire deux septennats. Donc, de 2026 à 2033, plus son actuel mandat. Il s’agirait ainsi, avec le temps, d’emménager une porte de sortie à Ghazouani pour lui éviter le sort de son ancien ami, Mohamed Abdel Aziz.

Pour mener à bien cette machiavélique feuille de route, le pouvoir a ainsi besoin de la caution d’une opposition qui accepte de jouer le jeu, comme le RFD et l’UFP. Un bon alibi pour le pouvoir qui peut se targuer d’être accompagné dans cette « réforme » par deux partis historiques, tant bien même qu’ils n’ont plus d’électorat.

L’Authentique : quelle est actuellement la réaction de l’autre opposition ?

Birame Dah Abeid : tous les partis de l’opposition antisystème, les FPC, le FRUD, RAG, entre autres, se sont vigoureusement prononcés contre ce pacte. Nous pensons que c’est une manœuvre visant à semer la diversion au sein de l’opinion publique nationale et internationale ainsi qu’au sein de la classe politique. Tout cela montre en réalité que le parti INSAF est acculé, ce qui l’oblige à se tourner vers des alliances monocolores de partis maures pour contrer la montée menaçante des laisser pour compte, que cela soit les Harratines, les Négro-mauritaniens, mais aussi une écrasante majorité de la jeunesse maure qui a constaté qu’on lui a toujours agité au nez depuis toutes ces décennies la peur du péril noir harratine sous les différents régimes qui se sont succédés. Cette jeunesse maure consciente tient aujourd’hui à prendre le taureau par les cornes et s’oppose systématiquement à ce pouvoir.

Au niveau de l’opposition, nous allons nous concerter pour nous opposer à cette tentative de conservation du pouvoir, d’autant plus que ce plan s’il se réalise va creuser le fossé entre les communautés, entre le pouvoir et la jeunesse maure qui était massivement représentée au sein de l’UFP et du RFD et qui a pris son indépendance en ralliant des partis comme le FRUD, ou des mouvements comme KAVANA, connus pour leur verve contestataire et qui font tout pour marquer leur opposition au système actuel.

Il faut impérativement annihiler cette tentative de reproduire l’actuel pouvoir sous un faux habillage et dans une alliance avec une fausse opposition. Nous allons commencer dès à présent à constituer un front de résistance. J’en ai déjà parlé à Samba Thiam, président des FPC, mais aussi au parti FRUD et nous allons élargir le cercle des concertations.

Propos recueillis par CHEIKH AIDARA


Nutrition et protection de l’enfance, Me Moctar Diallo et Dr. Moulaye El Mehdi ouvrent une foire aux idées à la société civile

L’ONG « Droits de l’homme, Promotion de la Paix et Sécurité, Egalité Homme-Femme et Défense des droits des Enfants » (PSAEHFE) que préside Me Moctar Diallo, Point focal de la Société civile, et l’Association Mauritanienne d’Aide aux Malades Indigents (AMAMI) du Dr. Moulaye Mehdi Moulaye Zeine, ont organisé du 15 au 17 août 2023 à Nouakchott, un atelier « Portes-ouvertes sur les organisations de la société civile » dans le domaine de la nutrition et de la protection des enfants.

L’atelier qui a été émaillé par plusieurs communications et travaux de groupes, en présence des partenaires dont World Vision, portait sur des échanges d’idées et d’expériences dans le domaine de la nutrition et de l’enfance pour renforcer le plaidoyer et élargir le cercle de la sensibilisation.

Si Dr. Moulaye a remercié les participants pour leur intérêt aux thèmes qui sont abordés pendant ces trois jours de rencontre, et World Vision pour son appui, Me Moctar Diallo a centré son intervention sur trois idées fortes, le développement, le plaidoyer et l’urgence, car selon lui, les actions déterminantes pour faire avancer les questions relatives à la nutrition et à l’enfance sont assujetties à ces trois impératifs.

Un film de AMAMI sur la nutrition

L’ouverture de l’atelier a été marquée par la projection d’un film sur les actions réalisées par l’ONG AMAMI intitulé « Réponse à l’urgence nutritionnelle au Hodh Gharbi », suivi d’un court documentaire sur le plaidoyer réalisé en 2021 auprès des députés à l’Assemblée nationale pour solliciter leur appui afin de rehausser le budget alloué à la nutrition. Il s’est félicité d’ailleurs des avancées notées dans ce cadre, car l’Etat mauritanien, selon lui, prend aujourd’hui en charge l’achat à 100% des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE).

L’expérience de World Vision Mauritanie

Mohamed Abass NGaidé de World Vision a présenté une communication sur la nutrition, évoquant le recrutement de relais et la réalisation d’enquêtes d’identification des enfants malnutris, avec focus sur la participation des communautés, le travail avec le personnel de santé et la sensibilisation sur le consommer local.

Il a évoqué par la suite les 7 actions essentielles orientées vers les femmes enceintes et les 11 actions vers les enfants de zéro à quatre ans, avec insistance sur l’allaitement exclusif et l’alimentation complémentaire après cette période de l’enfance.

Deuxième communication, celle de Abdou Amadou Aw de World Vision sur le WASH (eau, assainissement et hygiène) avec son diagramme de la théorie du changement de modèle. Il a évoqué les actions menées par World Vision en faveur des populations de quelques localités de l’Assaba qu’ils ont fourni en eau potable grâce à des châteaux d’eau, avec une attention particulière sur la durabilité à travers un programme suivi-évaluation mis en place. Un comité local a été ainsi installé pour la gestion des ouvrages et la pérennité de la fourniture en eau.

Il a aussi évoqué les systèmes TPC mis en place dans ces localités, avec sensibilisation des communautés sur les dangers liés à la défécation à l’air libre, la construction de latrines, notamment dans les établissements scolaires et dans les structures de santé, avec mise à disposition de kits de dignité pour les filles.  

Me Moctar Diallo et Dia Oumar de World Vision ont par la suite présenté des communications respectivement sur la protection de l’enfance et sur l’éducation.

Travaux de groupe

Les deux autres jours ont été consacrés aux travaux de groupe, d’où sont sorties plusieurs recommandations. Il y a eu également 7 panels animés par des experts de la société civile, notamment d’éminentes présidentes d’ONG connues comme AMSME, AFCF, ALCD, Alliance Citoyenne, ABEPAD, ADPDH, ADDFM, des relais communautaires, des présidentes de coopératives, des élus locaux, etc.

Bref rappel

A noter que l’atelier a été solennellement ouvert par le Directeur de la Société Civile auprès du Commissariat aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile, M. Soumaré Oumar, représentant le Commissaire, en présence du Directeur de l’Enfance au Ministère de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Famille (MASEF) et du Coordinateur national de la protection de l’enfance de World Vision, qui a précisé que son institution travaille depuis 40 ans en Mauritanie et qu’elle est présente dans quatre Wilayas (Assaba, Brakna, Gorgol et Nouakchott) et dans 14 Moughataas du pays.  Avant l’ouverture, l’imam Moussa Sarr avait récité quelques versets du Saint Coran.

Cheikh Aïdara


« Jeunesse 2024 », du virtuel au contact physique sur l’initiative de Youpy, expatrié mauritanien aux USA

Après une période plus ou moins longue de rencontres et d’échanges virtuels via un groupe WhatsApp, les membres du mouvement « Jeunesse 2024 » ont tenu dimanche 20 août 2023 leur première réunion en présentielle à Nouakchott, à « Youpy Café », un restaurant ouvert par Youssouf Diakhaté dit Youpy, jeune Mauritanien résident aux Etats-Unis d’Amérique et initiateur du mouvement.

Vue partielle des participants – @ Crédit Aidara

Le fait qu’il se soit expatrié aux Etats-Unis, n’a pas fait oublier à Youssouf Diakhaté dit Youpy son pays natal, la Mauritanie. Non seulement, il y a investi, en ouvrant un restaurant qui fait travailler des jeunes hommes et filles, mais il a surtout lancé un mouvement de jeunes dénommé « Jeunesse 2024 ». L’idée est de rassembler les forces vives de la nation, à travers leurs expériences et leurs expertises pour contribuer au développement du pays et au réveil citoyen.

Vue partielle du banc des filles @ Crédit Aidara

C’est dans ce cadre qu’il a créé un groupe WhatsApp, « 2024 » où plus d’une centaine de jeunes Mauritaniens toutes tendances et horizons confondus ont échangé sur la situation politique, économique, sociale et culturelle du pays. La question centrale, comment contribuer à relever les nombreux défis auxquels fait face le pays.

Aussi, la date du dimanche 20 août 2023 reste-t-elle symbolique. Pour la première fois, chacun des membres du groupe virtuel pouvait enfin mettre un visage sur les noms et pseudonymes à travers lesquels ils se sont jusque-là connus.

Début de la réunion @ Crédit Aidara

Dans l’assistance, des étudiants, des hommes politiques, comme le député Khally Diallo, un ancien maire de l’intérieur du pays et un président de parti. Mais surtout, beaucoup de jeunes filles. Des enseignants aussi, des agents de santé et de jeunes entrepreneurs.

Tous ont pris la parole au cours de la rencontre qui s’est déroulée dans une atmosphère bon enfant où la spontanéité et la franchise furent au cœur des interventions.

Vue partielle de la junte féminine @ Crédit Aidara

C’est ainsi que certains ont insisté sur le rôle que les membres du mouvement doivent jouer pour accompagner l’Etat et la société dans le changement de comportements, dans la recherche de solutions aux nombreux problèmes qui se posent. Comme l’a dit un des intervenants, « du Président de la République au citoyen lambda, tout le monde se rend compte que la situation du pays n’est pas très reluisante ».

Vue partielle des jeunes @ Crédit Aidara

En tant que force de proposition, les jeunes doivent davantage être des acteurs du changement et non des sujets passifs, ont relevé d’autres intervenants.

Le mot responsabilité des jeunes est revenu plusieurs fois dans les débats, mais aussi démocratie, dialogue, inclusivité, justice sociale et participation citoyenne.

Les jeunes du mouvement avec le député Khally Diallo (boubou bleu) et à sa gauche un ancien maire – Crédit Aidara

La conclusion tirée au bout de quelques heures de débats, est que la jeunesse est confiante quant à une possible révolution des mentalités et à un développement harmonieux de la Mauritanie, un pays qui n’attend que l’effort conjugué de ses enfants pour décoller.

Youpy Café, Socogim Tevragh-Zeina @ Crédit Aidara

Pour cela, les jeunes réclament de la part des autorités une approche plus inclusive afin de permettre à leurs voix d’être entendues. Surtout, précisent-ils, le monde vit de grandes transformations et que la Mauritanie doit s’inscrire dans cette dynamique et l’émergence d’un monde multipolaire.

@crédit Aidara

Ainsi, le mouvement « Jeunesse 2024 » convie la jeunesse mauritanienne à un voyage serein dont la prochaine station sera marquée du sceau indélébile du changement, celui auquel l’ensemble des Mauritaniens aspirent.  

Youpi – Crédit Aidara

A noter que Youpy est un jeune artiste et producteur mauritanien. Il vient de lancer sa propre société de production « Youpi 4ever Entertainment ». Il est également organisateur d’évènements..

Cheikh Aïdara


Le Programme SAFIRE forme plus d’une centaine de jeunes aux métiers au Brakna

Les maisons de Jeunes de Boghé et Aleg ont connu jeudi 17 et vendredi 18 août 2023 deux cérémonies de sorties de promotion consacrant l’entrée dans la vie active de dizaines de jeunes formés dans plusieurs métiers.

@crédit Aidara
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Grâce au Programme SAFIRE et en partenariat avec les autorités publiques mauritaniennes, le GRET et Caritas ont mis en œuvre un projet dit Plateforme d’accompagnement et de création d’entreprises (PLACE) au Brakna et à Nouakchott. Il s’agit d’un projet qui a ouvert des formations sur divers métiers, mécanique auto, soudure, électricité auto et bâtiment, plomberie, teinture, pâtisserie, coiffure, couture, etc.

Pendant trois ou quatre mois, des dizaines de jeunes ont été formés dans ces différentes filières selon leur choix. Ces formations dispensées dans les lycées techniques à Aleg et Boghé, ont été suivies de stages de formation dans des entreprises de la place, puis un mois de coaching et de formation dans la gestion administrative et financière ainsi que quelques notions de marketing.

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Jeudi 17 et vendredi 18 août 2023, cérémonie de remise de diplômes et de matériels complets de travail aux bénéficiaires.

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A titre d’exemple, les plombiers sortants, dont des jeunes filles, ont reçu chacun les matériels suivants qui vont leur permettre d’ouvrir leur atelier et de se lancer dans leur propre entreprise.

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1 Tenue + 2 paires de chaussures de sécurité + 2 valise à outils + 1 coupongle + 1 brin + 2 clés à bril + 1 scie à métaux + 1 filiere

Autre exemple, les pâtissiers ont bénéficié de matériels de fabrication et de la matière.

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Plusieurs parents ont participé à la sortie des deux promotions à Boghé et à Aleg.